LA WISIGHOTE DU SAUMON



Un squelette humain accompagné de divers objets et bijoux en bronze a été découvert en 1876 par des ouvriers extrayant de la pierre calcaire dans la grotte dite du Saumon ou des Fées, dans le coteau du Tuc du Conte, près du bourg de Gousse.Cette grotte naturelle fermée par les éboulis avait été ré-ouverte pour exploitation de la castine au début du XIXe siècle, mais de premières fouilles n'y avaient donné aucun résultat.

Accouru à l'annonce de cette découverte M. Henri du Boucher écrit:

"Au moment de notre arrivée,une foule considérable,venue de tous les villages voisins, encombrait la grotte et avait commencé, malgré les ordres sévères qui avaient été donnés, à mettre au pillage les ossements et les bijoux. C'est ainsi qu'un frater de Vicq s'était approprié les maxillaires pour en extraire les dents qui étaient fort bien conservées, que d'autres, plus positifs, s'étaient emparés de bracelets, de fragments de chaîne, de grains de collier qu'on prenait pour un vieux chapelet, etc. Il est à peine besoin de dire que la plupart des objets eu métal avait été déjà frotté, limé,brisé à coups de marteau pourvoir si c’était de l'or".

Les ossements et les bijoux récupérés ( il est certain que plusieurs ont disparu) paraissant remonter à la haute antiquité, furent aussitôt envoyés pour examen à la société d' anthropologie de Paris.



La découverte comprenait un premier bracelet ornementé de traits parallèles, de cercles concentriques avec un point au centre, et de pointillés en losange, et un second plus large brisé en trois morceaux, ornementée exactement de la même manière que le premier. D'un troisième ne furent recueillis que deux fragments faits  d'une grosse tige ronde de métal recourbé ce bracelet. Une partie de fibule, une chainette fragmentée, une bague brisée par les ouvriers, des grains de collier "petits cubes d'une matière bleuâtre irisée, à facettes modifiant le cube primitif, qui nous ont paru être du verre coulé,fortement coloré en bleu par le cuivre et le fer.e. 

Au dire des ouvriers, était également un bracelet figurant, avant d'être brisé, un serpent qui se mord la queue.

L'examen de ces objets a permis de préciser l'époque d'origine des restes humains.jugée postérieure à la période franque ou mérovingienne.Compte tenu certain caractère romain mais quelque peu dégénéré de la fibule, et de la forme plus barbare du bracelet, les spécialistes leur attribuèrent une origine wisigothe, du Ve ou du VIe siècle, époque à laquelle la région était occupée par ce peuple, entre 418 et 507, date de la victoire de Clovis à Vouillé. ( le nom de Gousse est d'ailleurs de cette origine).

Une partie a été déposée dans les collections du Musée archéologique de Saint-Germain en Laye.

Après analyses, le squelette s'est avéré être celui d'une jeune femme de très petite taille. Mais demeura le mystère de sa présence à cet endroit .Le corps reposait sur le dos directement sur une couche d'argile dans laquelle ont été relevées, tout près et au même niveau, des empreintes de pieds chaussés de sandales, l'une du talon d'un homme de forte corpulence, l'autre de la partie antérieure d'un pied de femme qui pourrait être notre inconnue. Le corps n'a donc pas été inhumé dans une fosse creusée servant de sépulture.Ceci pourrait laisser supposer qu'il s'agit d'une victime d'accident, posée sur le sol, sans doute simplement recouverte, alors que pourtant, les multiples bijoux découverts attestent qu'elle occupait un certain rang

Faute de témoins directs , cette présence restera énigmatique !


Source: bulletin de la Société de Borda - année 1877 -