PIMBO - COLLEGIALE ET BASTIDE.


PIMBO, DE LA COLLEGIALE A LA BASTIDE


Au sud du département, dans le pays de Tursan, le petit bourg de Pimbo occupe le sommet d’une colline surplombant la vallée du Gabas. Bâti sur un crête étroite, il s'est adapté à la configuration du terrain pour se constituer de chaque coté d'une rue unique .
Situé sur la voie Podiensis, chemin de pèlerinage du Puy vers Saint Jacques de Compostelle, il est né de la présence en ce lieu d'une ancienne collégiale

 vues IGN et Google


Le toponyme de Pimbo semble justement avoir pour origine le mots latins Pendulus ou Pendulensis , puis médiéval Pendulum, pour donner Pendulo au XIIIe siècle; termes signifiant incliné, lieu en pente, en suspend,  en rapport avec le relief et l'implantation du lieu pendu, suspendu,  à la crête. Il fut transformé par la suite indifféremment dans les écrits en variantes Pimbes, Pimpes, Pembou ...

Dans les Landes, Pimbo  évoque   l’idée  de lieu paumé, de village perdu, lointain ou difficile d'accès,  et plus péjorativement de lieu paumé .C est d'ailleurs sur le clocher de la collégiale de Pimbo qu'étaient censées de réunir la nuit les sorcières de la région lors des sabbats.


LA COLLEGIALE

La tradition  attribue, comme ailleurs (comme Saint-Girons à Hagetmau),  à Charlemagne la fondation  d'un premier monastère qu'on suppose bénédictin , à son retour de l'expédition d'Espagne en 778. Cela reste bien sûr à prouver, à défaut de documents antérieurs au XIe siècle.
 
Brûlé et pillé au XIe siècle, ce monastère aurait alors été remplacé par la collégiale au XIIe siècle, sous le vocable de Beata Maria de Pendulo,  dont on admire aujourd'hui, la silhouette massive et majestueuse à l'entrée du village,extrémité du replat.
Brûlé et pillé au XIe siècle, ce monastère aurait alors été remplacé par la collégiale (séculière) dont la  construction de l'édifice  (une nef et deux bas-côtés , et une abside semi circulaire flanquée de deux absidioles) date du XIIe siècle, sous le vocable de Beata Maria de Pendulo. Sa silhouette massive et majestueuse domine encore aujourd'hui l'extrémité est du replat, à l'entrée du village.

Découverte à l'entrée du village

De fait, l'existence de cette collégiale dont l'origine est véritablement inconnue n'est constatée qu'à partir d'un document dans lequel  l'abbé de Pendulo est témoin d'un acte d'arbitrage rendu en 1231 entre l'évêque d'Aire et l'abbaye de Saint-Sever.

Le chevet à trois absides surmonté d'une corniche à modillons du XIIe siècle.



Accolée au nord de l'église, la maison abbatiale, reconstruite à l'époque moderne puis restaurée au 19e siècle pour servir de presbytère, conserve une belle salle romane voûtée.


La façade est constituée d'un puissant mur pignon, surélevé et fortifié, percé de deux arcades portant les cloches et coiffé d'un chemin de ronde.


Le portail roman sculpté de la fin du XIIe siècle s'ouvre en avancée avec un petit toit.
De chaque coté, les piédroits consistent en cinq grosses colonnes engagées terminées par des chapiteaux illisibles surmontés de minces tailloirs.
Au dessus, l'arc en plein-cintre est constitué de cinq voussures, sculptées, malheureusement quelque peu dégradées. On peut cependant y distinguer une bande juxtaposant différents ornements géométriques en forme de disques d'allure celtique, au dessus d'une autre bande décorée de feuilles et moulures ou des pommes de pin. On peut enfin deviner quelques personnages naïfs assis ou enlacés.
La porte en bois  est surmontée d’un arc datant de l’époque gothique, qui repose sur les impostes de piédroits munis d’une mince colonne circulaire. L’arc est surmonté d’un bandeau plat retombant perpendiculairement sur un cul-de-lampe.



L'ensemble de cette collégiale, avec son presbytère, la terrasse nord et la salle médiévale située en dessous, ont été inscrits à l’inventaire des Monuments Historiques en 1998 (Le portail principal fut le premier en 1935, puis l'abside et ses deux absidioles en 1950)


La collégiale abritait un Chapitre composé d'un groupe de chanoines soumis à la juridiction de l'évêque d'Aire, mais l' élection de l'abbé ou doyen appartenait de plein droit au Chapitre. De fait, on ne sait pas grand chose de la vie de cette collégiale, si ce n'est qu'elle devait avoir un certain rayonnement spirituel et politique pendant toute la période de domination anglaise.
De cette époque, elle conserve encore son aspect militaire et défensif. Les parties occidentales de l’église ont en effet été surélevées et fortifiées au XIVe siècle (dont un chemin de ronde auquel on accède par un escalier à vis).

En 1305, Pierre de Castelnau obtient la garde du château
En 1399, le roi Richard II fit don de Pimbo à Raymond Bernard III, baron de Castelnau, resté fidèle à la cause anglaise. Celui-ci y fit son testament en 1412 dans l'église avant de partir en expédition hors de France avec le Captal de Buch. ( Cf. Legé- les Castelnau-Tursan 1887, p. 425).

En 1569, lors des guerres de religion, la bastide, sa collégiale et son château furent complètement détruits par les troupes protestantes. de Montgomery et de son capitaine Thoras qui brûla l' église, démolit le choeur, brisa les autels, et emporta livres, joyaux, ornements et cloches. Le même sort frappa la maison abbatiale et celles des chanoines  faits prisonniers ou rançonnés.
La paix revenue, on tenta de réparer les dommages subis, sans y parvenir complètement.

En 1726 la collégiale Beata Maria de Pimbo est encore signalée comme élective et composée d'un Doyen et de sept chanoines ... "qui recueillent d'excellent vin". Son abbé est  alors Christophe de Tuquoy. La collégiale était à cette époque l'apanage des cadets de cette famille originaire de Saint-Sever depuis  1631 ( Christophe I de 1631 à 1669 -Christophe II  élu seigneur abbé de Pimbo par le Chapitre en 1669 et démissionnaire en 1704 - Christophe III de Tuquoy, à partir de 1704).

Enfin, la révolution de 1789, qui mutila à nouveau l'église, supprima le collège des chanoines


 LA BASTIDE


C'est à partir de la collégiale et sur ses terrains qu'a été édifiée une petite bastide au XIIIe siècle.

Le 15 décembre 1268,  samedi après la fête de sainte Luce, un  contrat de paréage fut conclu à Saint-Sever par Guillaume Arnaud de Sanguinède, abbé de la collégiale, et le Chapitre de ses cinq chanoines, seigneurs du lieu, avec Thomas d'Ippegrave, sénéchal de Gascogne, représentant le prince Edouard qui gouvernait la Gascogne depuis 1254 (jusqu'à son accession au trône d'Angleterre à la mort de son père Henri III en 1272).

Par cet acte, l''abbé donnait en pleine propriété les terrains nécessaires pour élever, sur une position défensive déjà relativement forte, un château, ou plutôt une maison forte (domus fortis seu fortalisia), et une bastide de nature à constituer une nouvelle "populanie" (colonie, lotissement) - " Locum seu plateam in districtu et terra nostra ad faciendum et construendum domum fortem seu castrum " ... et "Locum seu plateam ad bastidam seu populaconem novam faciendum ibidem".

Les chanoines s'engageaient à donner des terres, forêts, et possessions de l'abbaye à ceux qui viendraient s'installer et habiter, contre une rente ou cens annuel. En échange des droits de justice et des droits fonciers partagés entre les deux seigneurs, les nouveaux habitants y bénéficièrent ainsi de la protection religieuse de la collégiale et la protection militaire du château.

Cela fait de Pimbo la plus ancienne des bastides landaises. On ne sait cependant rien du succès de l'implantation  et  de l'octroi de fors ou "coutumes" aux habitants. Ici, pas de traces de fortifications de pierre, pas de porte de ville, ce qui laisse supposer le caractère archaïque et modeste de cette création.

Bâtie sur une crête étroite, la petite bastide se limite aux habitations de chaque coté d'une rue unique reliant la collégiale à ce qui fut le château situé à l’extrémité ouest du village, où s’élève le talus d'une petite enceinte circulaire de vingt mètres de diamètre dominant un fossé aujourd’hui disparu.








A l’arrière de l’édifice de la collégiale, un agréable jardin fleuri permet, par beau temps, de contempler le magnifique panorama sur la chaîne des Pyrénées.


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Parmi les quelques abbés laïques connus on peut citer (Cf. Gallia Christiana- 1715-T. I - Ecclesia Adurensis p. 1185-1186 ):

Guillaume Fort de  Garlenx, nommé abbé de Pimbo en 1300
Arnaud-Guillaume de Sensac en 1330
Roger de Castelbon, futur évêque d'Aire en 1418 puis de Tarbes en 1441
Garsie Arnaud d'Abbadie , chanoine d'Oloron, conseiller du comte de Foix , nommé par le pape Martin V à la suite de la démission de Roger de Castelbon. Il deviendra évêque du Couserans en 1423 puis de Lescar en 1425.  
Menaud d'Anos, qui fut, en 1434, temoin du mariage par procuration de Gaston IV de Foix avec Eleonore de Navarre.
 Arnaud Guillaume II de Sensac en 1486.
Arnaldus III de Sorbesio (?) en 1501
Petrus de Ariga (?) en 1533
Bertrand de Serpesac , bachelier en droit, qui était  a la tete de la collégiale  en 1571, comptant sept chanoines et un chantre (procès verbal envoyé a Charles IX par le vicaire capitulaire de la cathedrale d'Aire)
Pierre II d'Abbadie de Maslacq, docteur en droit , abé de Pimbo en 1575 (décédé en 1583)
La collégiale fut ensuite l'apanage des cadets de la famille du Vignau, barons de Trebussé ( Gratian -Jean, en 1582-1598 )
Puis des Caplane d'Arsac ( Gratian - Pierre III , décédé en 1631)

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