LABRIT BERCEAU d'ALBRET ?


LE "CHÂTEAU DE TERRE "



C est à Labrit, au beau milieu des Grandes Landes, que se trouvent les vestiges de ce que l'on pourrait considérer comme le château primitif et le berceau des sires et de la famille d'Albret qui ont, à partir de ce lieu, étendu leur influence au cours des siècles, jusqu'à l'accession au trône de France.

L'ascension et le destin de cette lignée sont exceptionnels. Issus de modestes petits seigneurs isolés dans les landes hostiles et stériles, mais suffisamment habiles et tenaces pur louvoyer au gré de leurs intérêts et profits dans les guerres, alliances, achats et mariages, les Albret parvinrent à étendre leur domaine et leur influence jusqu'à devenir - en quatre siècles- vicomtes de Tartas, ducs d'Albret, comtes de Foix, rois de Navarre ....... et enfin roi de France par Henri IV.

Mais, pour être honnête, on ne sait pas grand-chose des origines obscures des premiers seigneurs antérieures au XIIIe siècle et de leur implantation à Labrit, avant qu’ils ne s’installent à Casteljaloux puis Nérac.

Ne restent aujourd’hui à Labrit que les traces du « château de terre », lieu abandonné depuis la fin du XVIe siècle, détruit puis oublié, et redécouvert à l’initiative du professeur Jean Bernard Marquette en 1960.



le site
( source : photo du site Archéolandes.com)

Le site est composé d'un ensemble de terrassements, fossés et vaste basse-cour, représente l'un des rares vestiges de motte castrale du Moyen-Age dans la région. Bien que peu spectaculaire pour le public, il reste remarquable par ses dimensions et son intérêt historique. On peut encore y deviner la motte, les remparts de terre qui ont été dégagés et mis en valeur, ainsi que les fossés remis en eau.




Cet ouvrage unique dans les Landes et même l’Aquitaine consiste en une vaste plate-forme nivelée, de presque 4 hectares (à voir), formant la basse-cour, délimitée par une enceinte de 800 mètres de périmètre dotée d’un fossé extérieur sec. A l’intérieur, deux levées de terre talutées sont séparées par un profond fossé mis en eau. Le coté sud de la fortification était complété par une forte motte tronconique haute de sept mètres (M), isolée de la basse cour par l’anneau du fossé intérieur. Cette motte devait vraisemblablement être couronnée d'une tour de bois, faisant face à la porte principale située sur la partie nord de l'enceinte.

Cependant, les ouvrages visibles aujourd’hui ayant été attribués aux années 1225-1230, et aucune trace d’une occupation antérieure n’ayant été décelée, le problème subsiste de la localisation de la résidence occupée par les premiers seigneurs, connus et mentionnés dans les documents anciens, dès la fin du XIe siècle jusqu'au début du XIIIe siècle, avant le transfert à l'emplacement actuel. Les archéologues ont en effet rejeté l’idée, longtemps admise, que la construction de ce château de terre puisse remonter au XIIe voire au XIe siècle.

L'implantation en ce lieu peut avoir été motivée par le substrat argileux du terrain, dans un pays de sable, et une nappe phréatique haute, et à proximité des autres places fortes édifiées à la même époque à Labouheyre et Bourricos.


emplacement du logis seigneurial


A l’origine la forteresse n’est faite que de terre et de bois, et ce ne serait que dans les années 1310 à 1320. qu’Amanieu VII d'Albret aurait ajouté un château de pierre dans le secteur oriental de la cour et sur la partie contiguë de l'enceinte : la forme des terrassements encore visible, témoigne de l'emplacement de cette construction (CP). Le logis seigneurial remonte aux XIII-XIV siècles. Les vestiges ont été reconstitués aujourd’hui en matériaux modernes. On y peut remarquer une bâtisse rectangulaire dont le rez-de-chaussée était vraisemblablement utilisé à l'époque comme réserve, deux piliers ronds de briques supportant le plancher de l'étage noble. Le corps principal de la bâtisse était formé par une vaste construction en maçonnerie de grandes briques.

Les vestiges les plus anciens, recouverts aujourd'hui pour être préservés, ont été ceux d'une construction regroupant l'ensemble des bâtiments nécessaires à la vie des châtelains au XIIIe siècle.


Jusqu'au XVe siècle, l'enceinte abrite exclusivement la résidence du seigneur et ses dépendances : une chapelle, une petite construction de bois abritant la forge. Le rempart nord est alors détruit et le sol de la basse cour surélevé en certains endroits. Dans la dernière phase d'occupation, ce logis médiéval fut entièrement rasé et remplacé par une construction édifiée vers 1550.

Néamoins, ce site ne semble pas être un château de résidence des Albret (qui lui préfèrent Casteljaloux dès le XIIIe siècle), pas plus que celui des premiers seigneurs mentionnés par les cartulaires à partie de 1050. Il s’agit plutôt d’un château de défense à vocation politique ou de colonisation. La forteresse garde probablement encore un temps un rôle économique : péage, marché, regroupement d'artisans, mais elle n'abrite plus la résidence des seigneurs. Au fil des siècles, des constructions de bois puis de briques sont successivement bâties avant d'être abandonnées. La destruction ne se serait achevée que vers 1820.



plan du site extrait des travaux de Yan LABORIE
"Le château des Albret à Labrit"

Le site a été acquis par la commune entre 1985 et 1988 et inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques le 16 mars 1988, avant d'être classé Monument historique le 27 décembre 1990. Il a fait depuis lors l'objet de fouilles archéologiques permettant une meilleure connaissance de l'architecture des fortifications en terre de première génération des mottes féodales et du mode de vie de la société rurale, aristocratique et paysanne de la Haute Lande.Au centre du village, une maison landaise abrite (en juillet et août) une exposition expliquant le site et présentant les résultats des cinq ans de fouilles effectuées dans les années 1990 sous la direction de M. Yan Laborie. Sa visite doit précéder l'accès guidé sur le site protégé. Ouverture : Juillet, août ; 10 h / 12 h - 15 h / 18 h


vestiges de la motte


fossé et remparts de terre






A propos de mottes dites castrales ou féodales
voir tucs et mottes

pour en savoir plus sur le château de terre de Labrit
http://www.persee.fr/doc/amime_1278-3358_2006_sup_4_1_1595