QUITTERIE D'AIRE ?




Dans la crypte située sous le choeur de l'église du Mas d'Aire sur l'Adour, un magnifique tombeau de marbre est censé recueillir ou avoir longtemps recueilli les reliques de Sainte Quitterie.

Cette vierge aurait en effet été martyrisée sur cette colline du Mas dominant alors la cité et résidence royale wisigothe d'Aire.

Il existe plusieurs légendes de Sainte-Quitterie dans les bréviaires anciens , et si la trame reste peu près la même, les personnages et lieux diffèrent.

Selon des récits plus ou moins authentiques, elle serait la fille d'un gouverneur de Galice et Lusitanie. D'autres la disent fille d'un prince du roi wisigoth de Toulouse, Euric (Il n est d'ailleurs pas impossible qu'il s'agisse du même)
.
Convertie au christianisme, elle aurait été, selon les écrits espagnols, décapitée sur ordre de son père par un riche seigneur ou prince païen auquel elle refusait le mariage. Cette décapitation aurait eu lieu en 472 ou en 476, 477 ou 478 selon les récits ( le onze des calendes de juin), près de la fontaine qui existe encore dans la rue qui porte son nom.





De fait, plusieurs localités espagnoles revendiquent aussi être le lieu de ce martyre. Elle est la patronne de la ville de Siguenza. Tolède (Marjaliza) et Braga au Portugal (Pombeiro) revendiquent sa naissance et son tombeau. Invoquée contre la rage on la cite aussi au pont de la Rabia à Zubiri en Navarre où on fait encore état de ses restes découverts dans la pile centrale du pont, puis transportés jusqu'à Burlada ou ils furent déposés alors qu'ils étaient destinés à la cathédrale de Pampelune.

La tradition précise qu'elle aurait porté sa tête jusqu'à l'endroit (dénommé le mont Columbianus) où elle fut ensevelie et où se trouve son sarcophage. La tête, placée dans un reliquaire, fut, dit-on, un jour emportée par un prieur de l'abbaye du Mas, puis rendue et déposée dans l'église de Sainte Eulalie à Bordeaux où elle resta jusqu'en 1789, date à laquelle elle aurait disparu. Le corps était enfermé dans le tombeau de la crypte d'Aire jusqu'à ce que les protestants enlèvent les reliques en 1569, pendant les guerres de religion . En juiller 1885 eut cependant lieu une grande cérémonie de translation d'une partie de ces reliques récupérées et conservées à Toulouse




Reste ce magnifique tombeau de marbre blanc comportant divers panneaux reproduisant des scènes de l'ancien et du nouveau testament, qui daterait du IVe ou Ve s -( Au XIXe siècle, Mérimée a d'ailleurs tenté de l'acheter pour l'intégrer dans la collection du musée de Cluny). Mais il est vraisemblable que ce sarcophage n'a été affecté au culte de Sainte Quitterie qu'au XIe siècle et qu'il avait été destiné à l'origine à un autre personnage à ce jour inconnu. D'ailleurs, d'autres tombeaux entourent celui de la Sainte dont, dit-on, ceux de ducs de Gascogne.

Sainte officiellement reconnue lors du Concile de Tolède en 589, elle est la patronne de la Gascogne, et célébrée le 22 mai.





gravure extraite du Bulletin Monumental 1888



Détail


Aire en 1706
vue d'Aire dans la Guyenne Monumentale


gravure du portail de l'église du Mas ( Bull. Monumental 1888)


représentation espagnole de "Santa Quiteria"


la fontaine, emplacement légendaire du martyre

l'église Sainte-Quitterie du Mas d'Aire


état de l'abside en 1881

Pelerinage à Sainte Quitterie
(l'Illustration 1847 - dessin L.A. Longa)