BASCONS, ST. AMAND ET LES VASCONS...



DU CHATEAU A L’EGLISE

 Une puissante force émane de cette église. .


Un premier édifice du XIIIe siècle devait certainement se réduire à une vaste salle rectangulaire, divisée en étages et couverte d’une toiture à quatre pentes, dont l’emprise correspondait à celles de la nef actuelle et de son collatéral méridional.
La forme du bâtiment, les proportions, et les détails d’architecture encore visibles laissent penser qu’il s’agissait d’un édifice civil. Mieux, l’appareil irrégulier des murs, l’absence de toute articulation, les dimensions très réduites des fenêtres dont une subsiste près de l’angle sud-ouest, les meurtrières conservées à un niveau intermédiaire des murs méridional et oriental, les créneaux ménagés au sommet des murs, correspondent manifestement à un édifice défensif.


Aussi peut-on déduire que le bâtiment pourrait être celui qui accueillait la « Curia dels sers » mentionnée dans les textes des XIII et XIVe siècles.
Bascons était en effet au Moyen Age le chef-lieu d’une des cinq baylies de la vicomté de Marsan (comprenant les Seigneuries d’Artassenx, Bostens, Sédasse de Brassens, Maurrin et St Maurisse), et le siège d’une juridiction féodale, la « curia de Bascoor ».
Comme aucun autre emplacement précis du « castrum de Bascor » mentionné dans les documents anciens n’a été déterminé, on peut supposer qu’il se trouvait bien sur l’emplacement de l’église actuelle
Cette « curia des sers », pour cour des senhors, cour des seigneurs, était composée du vicomte de Marsan ou de son sénéchal, des seigneurs de la vicomté, et des jurats des principales villes ou communautés. Il s’agissait d'une cour de justice (sauf la haute justice du roi) pour tous les possesseurs de fonds dans les limites de la vicomté, sauf ceux tenant leurs fiefs directement du roi d'Angleterre (maisons de Marsan, seigneurs de Cachen et de Benquet)
Elle recevait en particulier les serments réciproques du vicomte et de ses vassaux à chaque mutation de seigneur. Ce fut le cas lors des hommages rendus en 1279 au vicomte Gaston de Béarn, puis plus tard à sa fille Constance de Moncade, en 1312 à Marguerite de Foix-Béarn, sœur de la précédente, en 1323 à Gaston II, en 1343 à Eléonore de Comminges sa veuve. Enfin en 1346, lors de son séjour à Mont-de- Marsan, ce fut Gaston III de Foix-béarn, dit Gaston Fébus, qui s’engagea, devant cette assemblée réunie à Bascons, à respecter les droits et libertés locales ainsi qu’à défendre ses vassaux du Marsan.

Abbé Foix (Vincent) : « La cour dels sers. Notes et documents », Bull, de la société de Borda, 1908, p. 203-207.

L’édifice est transformé en église au cours du XIVe siècle. Dans la partie nord, un mur longitudinal a isolé un vaisseau partagé en trois travées couvertes de voûtes d’ogives, et un mur transversal a délimité, vers l’extrémité orientale de la partie sud, une chapelle de deux travées, couverte de voûtes d’ogives très basses. Le mur oriental a été surélevé en mur-pignon et le mur occidental a été entièrement rebâti sur un axe fortement dévié, et avec une épaisseur beaucoup plus forte pour porter un clocher-mur. Ces constructions ont également contraint à renforcer les murs latéraux par de puissants contreforts.
L’édifice ainsi transformé n’avait pas pour autant perdu sa fonction défensive, qui a même été complétée par la construction d’une tourelle d’escalier à l’angle sud-ouest de la nouvelle nef, par celle de bretèches au-dessus du portail d’entrée et du chevet.
Surtout, la totalité de la partie méridionale, à l’exception de la chapelle, et les combles du vaisseau principal, que recouvrait une charpente unique appuyée sur le mur de séparation, ont pu continuer à jouer leur rôle de refuge armé avec chemin de ronde et percement au centre des merlons de cloisons percées d’archères en forme de fentes, de croix, ou des couleuvrines.

Le mur occidental a été rebâti er renforcé, et on y a ménagé un portail.
Au XVe siècle, l’édifice a été complété par la construction d’une chapelle carrée contre la partie centrale du mur nord. Une autre travée a été plus tard ajoutée à l’ouest.
Le bâtiment semble avoir été épargné lors des guerres de Religion qui ont frappé le seul mobilier, Seule la partie supérieure de la première voute d’ogives de la nef aurait été refaite entre 1601 et 1626. Puis, au cours du XVIIIe siècle, on décida d’agrandir l’église qui ne comprenait alors qu’une nef flanquée de deux chapelles, en aménageant deux collatéraux et édifié une sacristie.
SOURCE
Site internet  des églises anciennes des Landes - AEAL Les Amis des Églises Anciennes des Landes

René Cuzacq : Les trésors de l’art landais – L’église de Bascons – Etude archéologique – Ed. Jean Lacoste Mont de Marsan 1962

 SAINT AMAND ET LES VASCONS
Saint Amand figure au centre du tympan sculpté du portail occidental, ainsi que sur la clé de voute du chœur, et en statue sur les volets latéraux du retable du maitre-autel, sur un vantail de la porte d'entrée. Un tableau le représente bénissant la fontaine qui lui est dédiée.

Manifestement ce saint qui fut évêque des Gaules a profondément marqué le village. Evangélisateur du nord de la Gaule et particulièrement du pays de Gand, il était issu de l'Aquitaine puisque né entre Bas-Poitou et bocage Vendéen en 594
Revenu dans le royaume franc d’Austrasie, mais ayant critiqué le désordre de ses mœurs il fut chassé de la cour et nommé évêque sans siège par le roi Dagobert, vers 630. Il partit se réfugier dans les états de Caribert II, demi-frère cadet de Dagobert, qui régnait en partie sur d'Aquitaine.

Saint-Amand à la cour du toi Dagobert

C'était en effet l'époque des luttes du royaume Franc mérovingien contre les raids dévastateurs des Vascons pyrénéens pour la conquête des peuples de l'ancienne Novempopulanie du sud de l'Aquitaine, dont ici les Aturenses (Aire), les Tarbelles (Dax) et, plus au nord, les Vasates (Bazas) et Cocosates (?) 
Vers 633, Amand eut donc pour mission la pacification et l'évangélisation des païens de la région. Missionnaire des habitants de la Gascogne et de la Navarre, avec l'aide de clercs qui l'accompagnaient et des seigneurs chrétiens locaux, il fonda des paroisses, créa des séminaires d'enseignement et de formation des diacres. Il parcourut ainsi la région pendant deux ou trois ans, et il est vraisemblable qu’en traversant le pays pour se rendre plus au sud il ait eu l’occasion de rencontrer ici quelques chefs locaux et qu’il ait pu prêcher devant quelque assemblée. Sauf que la région était latinisée puis déjà en grande partie christianisée depuis le IVe siècle

Après une nouvelle révolte en 637 ayant provoqué l’envoi d’une grande armée qui écrasa les gascons indigènes qui se soumirent, Amand effectua même un second voyage dans la région en 665 alors qu’il avait 70 ans, et y reprit le cours de ses missions, encourageant les religieux et les prêtres qu'il y avait laissés pour continuer ses œuvres.

On dit que chassé par la résistance des Vascons pyrénéens, Amand se serait réfugié dans la plaine de l’Adour et que son passage aurait été marqué par divers miracles. C’est ainsi que la tradition enseigne que St Amand baptisa de nouveaux convertis au bord d’un puits, et que toutes sortes de miracles se seraient déroulés sur ce lieu
On trouve le puits toujours présent à l’ouest de l’église. Celui-ci attirait de nombreux landais des alentours pour les vertus de son eau miraculeuse aux vertus guérisseuses, réputée pour soigner à l’origine le rachitisme dit « lo mau terre » puis les maladies de peau dont l’endémique pellagre.
« Lou maou gascoun qu’es gouarit à Bascouns »

tableau de Saint-Amand au puits de Bascons

On venait chercher et emporter l’eau du puits dans des récipients ou on humectait un mouchoir pour le passer sur le visage ou un membre.
Sur le site, à côté du puits, et de la grande statue du saint, la renommée, le culte et la dévotion, ont ainsi justifié la construction en 1946 d’une petite et pittoresque chapelle à colombages surmontée d’un campanile.
le puits et la chapelle Saint-Amand
.On dit et prétend que le nom de Bascons se rapporterait aux incursions des Vascons, ibères non latinisés ; thèse qui serait appuyée par la coïncidence de la dévotion à Saint Amand. Mais cette dévotion peut avoir été importée plus tardivement. De même, le voyage du saint chez les Vascons n’est évoqué par la « Vita Amandi », composée par un moine hagiographe un demi-siècle après la mort du saint, que d’après de seuls témoignages oraux. Le manuscrit a de plus été réécrit puis recopié tardivement au XIe siècle....

Mais, plus qu’aux Vascons basques dont il est peu probable qu’ils se soient véritablement installés sur la rive droite de l’Adour, le village de Bascons tirerait son nom des Vascons aquitains, habitants de la grande Vasconie du VIIe siècle. Malgré la domination des Vascons basques, il a toujours existé deux nations distinctes : les Vascons des Pyrénées et les Gascons de l’ancienne Novempopulanie, semble-t-il tout aussi rétifs à l’autorité des Francs mérovingiens puis carolingiens.

vieilles maisons de Bascons
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