Sans doute moins connu que son voisin basque le Pottok, le poney
landais n’en reste pas moins une race particulière et autochtone de petit
cheval rustique et sauvage dont les origines génétiques et historiques inconnues
pourraient remonter à la nuit des temps.
Mais attention, ce n’est pas le poney trapu et court sur pattes qu’on
imagine, mais un véritable cheval miniature de moins de 1,35 m au garrot
(aujourd’hui jusqu’à 1,42 m). D’aspect primitif, étrange et à l’air sauvage, hirsute
au poil ébouriffé, il serait ainsi la survivance du cheval de l’ère
quaternaire, héritier de la race très ancienne du Tarpan des steppes et des
chevaux représentés sur les peintures rupestres des grottes préhistoriques ou
les figures magdaléniennes de l’abri Duruthy à Sorde.
LES PONEYS DE LA LANDE
(chibaù de sable)
Ces
poneys vivaient autrefois en bandes véritablement sauvages dans les landes
rases de la Haute Lande. Après les campagnes d’assainissement et de plantation
des pins au XIXe siècle, ils se regroupèrent dans les « lèdes » ou
« lettes », dépressions
humides, marais, lagunes entre les dunes du littorales du Marensin.
De là, la dénomination de Lédons. Non domestiqués à l’origine et en totale
liberté, personne ne s’occupait d’eux en dehors de l’époque des foires
lorsqu’on allait les capturer pour être enfermés et dressés au travail,
produire du fumier, ou être vendus vifs ou morts. On y employait alors
l’esquire, clochette attachée au cou d’une jument pour les dépister, puis le
lasso, ou un piège nommé « barredé »
(barrière), sorte d’enclos déployé sur leur chemin.
Plus tard, bien que se déplaçant à leur gré et sans
complément de nourriture, ces animaux appartenaient à divers propriétaires. Aux débuts du XXe siècle, près d’un millier de
ces poneys étaient encore présents sur les étendues dépendant de St Julien en
Born et de Lit et Mixe, dans le marais de Contis. Surnommés « chevaux de « braou » (braù,
désignant le marais dans le patois local), ils étaient chaque année, à la fin
du mois de novembre, rassemblés et abrités, parqués dans des enclos puis dans
des parcs où du foin leur était distribué. Ils étaient relâchés dans le marais
au printemps, à raison de deux étalons pour quarante juments. La
plupart des métairies de la lande possédaient ainsi une ou plusieurs juments
poulinières et quelques poneys.
Ces poneys
de la lande se retrouvaient ensuite principalement aux foires de Labouheyre en
juin et septembre.
Trop vagabonds en l’absence de clôtures, s’attaquant
aux champs et jardins, devenant dangereux sur les routes, leur présence devint
incompatible avec la civilisation croissante et ils furent délaissés. Il n’en restait
plus que 70 en 1930, 50 en 1950 et seulement 10 en 1960, avant de disparaître
totalement par manque d’intérêt économique.
La race du poney des Landes définitivement éteinte, ne survécut que grâce à son rameau barthais qui lui fit l’objet d’un plan de sauvegarde
LE PONEY DES BARTHES
(chibaù barté)
Le poney des
barthes de l'Adour, le seul ayant pu être maintenu, forme la souche du
poney landais actuel. Son nom vient de son aire d’origine constitué des
prairies naturelles des bords de l'Adour et du Luy que l'on nomme les Barthes.
C'est le pays des prairies rases, marécageuses et inondables en hiver ou au
printemps, quadrillées de fossés d'asséchement aux talus plantés de saules
têtards, et bordées de bois de chênes.
Ces barthes se
situent en amont et en aval de Dax (Au nord-est de Dax : St Vincent de
Paul, Yzosse, Téthieu, Pontonx,
Saint-Jean-de-Lier, Bégaar - Au sud-ouest de Dax : Mées, Angoumé, Rivière et Saubusse sur la rive droite
de l’Adour, et Candresse Oeyreluy, Tercis,
Orist, Pey, St Etienne d’Orthe, sur la rive gauche de l’Adour. Au bord du Luy : Siest Heugas).
Plus épais et
moins sauvage que le poney des pins, le poney des barthes n'est pas laissé en
totale liberté, mais surveillé, et sa reproduction est contrôlée (Les poulains
mâles sont séparés du troupeau à deux ans au plus tard).
Au XIXe siècle, il
était utilisé pour les menus travaux des champs et surtout attelé pour les
déplacements des paysans et commerçants en l'absence de routes carrossables.
Chaque métairie disposait alors d'au moins une poulinière.
De grandes foires annuelles de poneys barthais avaient
lieu début mai à Dax et Saint-Geours de Maremne, ou en septembre à Pontonx. On
en expédiait partout en France, en Poitou, Bretagne, Normandie, Nord … On en
retrouvait chez les maraichers du centre de la France, , à Paris attelés en
paire aux fiacres ou aux omnibus, et même dans les mines du Royaume-Uni, ou
jusqu’en Indochine où furent envoyés des étalons.
Les poneys barthais connurent cependant un déclin
similaire à celui des poneys du littoral, passant, selon la direction de
l’agriculture des Landes, d’environ 700 individus avant la Première Guerre
mondiale à seulement 200 en 1952. Il n’y avait alors plus que six à huit étalons. En 1961, il ne restait que
50 juments et deux étalons dans le berceau de race,
et enfin un seul étalon, nommé Couscous, en 1966.
La cause de cette diminution massive des effectifs fut
la mécanisation qui supprima peu à peu l’usage des poneys attelés pour le
transport des denrées et des personnes. De plus,
sans intérêt rentable et de faible valeur marchande, le poney barthais fut
croisé avec des chevaux lourds, notamment des étalons de trait bretons, pour
être destinés à la boucherie. La voie de l’extinction de la race originelle
était ouverte
C’est alors qu’un plan de sauvegarde fut organisé par
un groupe d’éleveurs à partir de 1967 à l’initiative du Dr Soulé, vétérinaire à
Saubusse, à partir que quatre étalons barthais sélectionnés. Puis, pour faire
face au danger de consanguinité, on croisa ces poneys avec des chevaux arabes et des poneys gallois
(dits Welsh B). La diminution de la part de sang landais entraina
alors une bâtardisation et une modification des standards de la race, dont
l’augmentation de la taille et la diversité des robes : Le poney landais reconnu officiellement en
1971 devenait ainsi une sorte de pur-sang arabe miniature.
Les reproducteurs étant trop peu nombreux, ce poney
landais ne représentait cependant plus que 1 % du total des poneys élevés en France en 1999. Aujourd'hui, la
population de poneys landais est située hors du berceau originel,
principalement dans la région de Pau, mais aussi en région parisienne, en
Bretagne, dans le Centre, ou en Midi-Pyrénées. Mais les croisements et la sélection pour des
modèles sportifs accentuent le risque de disparition définitive du type
originel.
Une chasse originale : la chasse à la jument
(chibaù guité).
Le poney des barthes était en particulier utilisé dès
l’hiver pour la chasse aux oiseaux migrateurs. Pour s’approcher du gibier
d’eau, le chasseur se dissimulait derrière une jument dressée lui servant
d’écran tout en faisant mine de brouter. On parlait ainsi de jument « guitère »
(guit signifiant canard en gascon) servant de leurre
et capable ensuite de ne pas être
effrayée par les coups de fusil tirés en prenant appui sur son dos.
Mais on élève des poneys landais ailleurs que dans les Landes