SAINT-PIERRE DE BROCAS




L'église Saint-Pierre du hameau de Brocas se découvre à deux kilomètres au sud du bourg de Montaut, sur la route qui mène au village de Saint-Aubin. C’est  l'un des plus anciens édifices romans de la Chalosse, mais son architecture composite comporte des éléments de plusieurs époques allant du XIIe au XVIIe siècle





Outre les restes de son abside originelle du XIIe siècle, sa puissante tour clocher du XIVe siècle, son porche original ajouté au XVIIe siècle, abritant un magnifique portail, elle a la particularité de comporter deux nefs accolées, l'une romane et l'autre gothique. On peut d’ailleurs constater depuis l’extérieur, à l'arrière de l'abside, que la seconde ne fait pas corps avec la nef principale, mais qu'elle lui est simplement accolée


LE PORCHE ET LES  PORTAILS


En avant de la haute tour, l’accès à l’église s’effectue au travers d'un porche ouvert au nord et au sud. Il est cloisonné et dessert la nef et le collatéral au travers de deux portails distincts.  
Depuis le XVIIe siècle, celui de la nef romane est doublé .par un impressionnant portail monumental au style particulier et original qui vient s’y superposer.

 (© photo ghislain118-wikipedia)


Ce portail et son arc triomphal, unique dans son genre dans les Landes, et un pur joyau, et on peut s’interroger sur son style entre Romain antique  et Renaissance. Au fronton, sous la grande corniche qui court d'un bout à l'autre, est gravé le blason paroissial sur lequel figurent en sautoir les deux clés pontificales de Saint-Pierre. Dans le champ l'écu, se détache un moellon surmonté de la tiare; le tout encadré par deux rosaces épanouies.


LE CLOCHER TOUR




Au XIVe siècle, sous la domination anglaise, l'église est fortifiée.Le témoignage en est la puissante tour carrée de 33 mètres de haut, toute en pierre d'appareil  avec un puissant et large contrefort. On peut y remarquer de fines archères droites et, au niveau supérieur, des ouvertures ressemblent plus à des fentes de tir pour arme à feu. (une archère primitive peut se voir à  l'intérieur)

Cette tour est flanquée, sur le coté sud, d'une tourelle polygonale caractéristique de cette époque anglaise du XIVe siècle. Un escalier tournant, en pierre, d’une centaine de marches y permet de monter au clocher.

Une différence de taille des pierres et de leur nature révèle au niveau supérieur, une surélévation ou restauration  ultérieure, voire reconstruction tardive.Soyons honnêtes en effet de préciser que le sommet et le couronnement de la tour ont été transformés au XXe siècle (1937). En effet, jusqu'en février 1899, l’ensemble se terminait par une flèche  culminant à 47 mètres, laquelle s'est effondrée sur le toit de la nef à la suite d'une tornade, et fut remplacée par un fragile dôme de bois en chapeau chinois, et enfin par le toit à faible pente et le crénelage actuel, après son classement au titre des Monuments historiques (par arrêté du 21 février 1934).

A l’intérieur de la tour, un grand portail d’entrée est suivi d’une seconde porte à deux vantaux surmontée et encadrée par des rangées de denticules et de fines cannelures. Ils s’ouvrent sur une salle aux murs épais,  éclairée par trois fenêtres ébrasées disposées sur le mur extérieur de gauche. Cette salle quadrangulaire et voûtée remplit actuellement la fonction de porche ou d’avant-nef.


Devant, au-dessus de la grande arcade qui permet d’accéder à la nef, deux baies éclairaient un étage avec une tribune à balustrade en bois. À gauche, le mur de séparation révèle une meurtrière qui témoigne de l'agrandissement de l'église


LA NEF ROMANE



On pénètre dans la nef par une porte ogivale large de trois mètres. Au  milieu du XVe siècle, cette nef a été restaurée et voûtée d'ogives. Ceci nécessita le support de contreforts ayant pour effet d’obstruer partiellement l’entrée principale originelle. Celle-ci fut alors murée et déplacée plus à l’ouest. Le nouveau passage en arc plein cintre qui se trouvait à gauche de cette entrée, aurait été par la suite également condamné après la disparition d'un prieuré qui se serait situé à la place du cimetière actuel..

L'abside a été également modifiée par ajouts de style gothique.


LE CHŒUR



L'abside semi-circulaire du chœur et sa voûte en cul-de-four caractéristique de l'époque romane constituent la partie la plus ancienne de l'édifice.
Le pourtour du chevet comporte une série de cinq arcades, dont deux plus basses et moins larges que les autres, à gauche et à droite. Chacune de ces arcades repose sur des colonnes monolithes   appuyées sur piédestal et un soubassement circulaire (stylobate).  Elles sont surmontées d’une archivolte en plein-cintre ornée de simples petits disques saillants (besants). Les chapiteaux malheureusement dégradés dont difficilement lisibles, ainsi que les murs plâtrés puis blanchis à la chaux au XIXe siècle

Subsiste un ciel bleu étoilé d’époque incertaine

Ce choeur roman du XIIe siècle aurait été découronné de son entablement par les Huguenots en 1569 lors des guerres de religion.

L’originalité de cette partie de l'église, vient de la présence de trois soubassements massifs, s'étendant par étages, et qui masquent l'abside. Il serait intéressant de rechercher et connaître la signification de ces constructions.

On peut également remarquer que l’abside est légèrement désaxée sur la droite par rapport à l’axe principal de la nef, disposition assez fréquemment trouvée dans les petites églises romanes.  A l'extérieur, cette abside comporte, entre les contreforts à deux redents, deux étroites fenêtres plein cintre surmontées d'une arcature et encadrées de colonnettes à tailloir sculpté.


LA NEF GOTHIQUE



A la fin du XVIe siècle, un collatéral est construit, augmenté d’une troisième travée au XVIIe siècle pour établir une symétrie avec l’ancienne nef romane

L'église romane presque entièrement détruite lors des guerres de Religion., fut en effet reconstruite puis agrandie. Une seconde nef à deux travées, et abside à cinq pans, doubla alors, au sud, la nef principale du  XIIe siècle.

Cette nef collatérale offre un style gothique plus riche et mieux soigné que la nef principale, comme en attestent les frises d'ornements des piliers et leurs bandes en olives d'où émergent des têtes d'anges. Malheureusement les détails des sculptures quelque peu désagrégés ont été par la suite noyés  sous les couches de chaux et badigeons

On  remarque que la troisième travée englobe toute la partie inférieure de la tourelle d'escalier de la tour clocher avec ses ouvertures donnant désormais sur l’intérieur prouvant ainsi qu'elle est bien postérieure à la fortification de l'église ancienne. Cette reconstruction remonte aux premières années du dix-septième siècle, comme l'atteste un cartouche scellé sur le premier pilier de droite, qui mentionnait la date de 1619 aujourd'hui effacée.




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La vieille église a malheureusement, après les destructions des guerres, également souffert depuis de l'érosion de ses pierres fragiles. Ainsi, les chapiteaux extérieurs ne sont plus lisibles. De même ont disparu le long du mur du chevet, les dernières traces de la « litre seigneuriale », bande peinte sur laquelle étaient figurés les armoiries des seigneurs de Brocas qui y étaient enterrés. On pouvait encore en 1930, dit-on, y deviner un blason portant les léopards d'Angleterre.