En
2003, le Comité Interministériel d’Aménagement et de Développement du
Territoire ayant retenu la réalisation de la LGV Sud Europe Atlantique, de
Tours à Bordeaux, et son prolongement vers l’Espagne dans la liste des grands
projets d’infrastructures de transport à réaliser, retenait 2020 comme
date de mise en service du projet ferroviaire entre Bordeaux et l’Espagne.
En 2007 est créé une mission
des Grands Projets du Sud-Ouest chargée du pilotage des études, devenue le GPSO,
Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest, en 2022
Apres les études préalables, le
débat public a donné lieu à plusieurs propositions de tracé.
La première option était la transformation
de la section actuelle Bordeaux-Dax-Irun en ligne mixte, par mise à quatre
voies de la ligne existante ayant l’avantage d’être droite avec peu de passages
à franchir.
La deuxième option
consistait en la construction d’une ligne nouvelle LVG passant par l’ouest des
Landes, comportant un tronçon de LGV de Lamothe au sud de Dax, en ligne droite
du côté de la RN10, et une ligne mixte du sud de Dax à la frontière espagnole.
La troisième
option consistait en une ligne nouvelle LGV passant par l’est des Landes, avec
l’avantage de désenclaver et desservir Mont-de-Marsan …ou presque.
Et c’est le fuseau Est des Landes
qui a été retenu et validé par décision ministérielle en 2012, avec un
tronc commun de 55 kms avec la LGV reliant Bordeaux et Toulouse, entre
Saint-Médard-d’Eyrans et Bernos-Beaulac qui se trouve à proximité de Capiteux.
Une nouvelle gare TGV de Mont de Marsan serait alors établie, mais à 13 kms
de la ville, aux abords du bourg de
Lucbardez-et-Bargues, à
proximité de l’A65. Un bémol cependant : finalement pas de liaison ferroviaire
entre les deux, mais seulement des bus)
Il a été prudemment prévu de créer
cette ligne en deux temps : relier d’abord Bordeaux à Dax, puis plus tard
la liaison plus difficile de Dax à l’Espagne, critiquée par les élus basques. (Alors
que la LGV espagnole Vitoria-Bilbao-Saint-Sébastien-Frontière, devait permettre
de relier Paris et Madrid à l’horizon 2030
Après
les enquêtes publiques ouvertes en 2014, la ligne nouvelle entre
Bordeaux et Dax est déclarée d’utilité publique par décret du 2 juin 2016,
malgré l’avis défavorable de la commission d’enquête publique. Mais il convient
de préciser que le secrétaire d’état aux transports était alors le landais
Alain Vidalies !.
Le projet bénéficie de l’appui du président de la
région de Nouvelle Aquitaine, du Conseil départemental des Landes et de la CCI
des Landes. Mais les oppositions se sont multipliées. La pertinence et
l’utilité réelle du projet sont contestées. On évoque les dégâts
environnementaux et l’amputation des espaces naturels, la destruction de
centaines d’hectares de forêt dans le parc naturel régional des Landes de
Gascogne.
A la
possibilité raisonnable de l’alternative d’une rénovation de la ligne
existante, on oppose le cout exorbitant de la construction de nouvelles lignes
et le financement aléatoire d’un tel projet.
Outre les recours administratifs, les
associations d’opposants manifestent (Eelv, Sepanso,
le collectif le Cade, les Amis de la Terre, Atac, la CGT), d’autres
s’organisent pour éventuellement complexifier les procédures d’expulsion, on
menace même d’ouvrir de nouveaux lieux de résistance, de ZAD.
Dans les Landes, ce sont donc environ 80
kilomètres de voies ferrées à construire entre Bourriot-Bergonce et Dax, en
traversant 24 communes, et en sacrifiant 1032 hectares de forêt et 73 hectares
d'espaces agricoles.
33 constructions sont par ailleurs situées
sur le tracé et l'emprise de 100m de large de la future ligne, et donc
concernées par des procédures d’expropriation. On décompte ainsi 29 maisons, 3
sièges d'exploitations agricoles et 1 entreprise. Ces biens à exproprier sont situés sur onze
communes, particulièrement sur les communes d’Arue, Pontonx-sur-l'Adour, et
Uchacq-et-Parentis, qui comptent six ou sept maisons ou bâtiments menacés.
En 2018,
le Conseil d’État a finalement rejeté tous les recours déposés par les communes
et associations contre le projet et la déclaration
d'utilité publique de la LGV et a validé le plan de financement dans lequel
l’État est partie prenante aux côtés des collectivités locales de
Nouvelle-Aquitaine.
Mais, la même année, la
commission du Conseil d’orientation des infrastructures conclut que la ligne à
grande vitesse Bordeaux-Dax "ne semble pas envisageable avant un horizon
lointain". Le projet de ligne serait bien maintenu mais reporté en
proposant, faute de financement, un phasage différant la réalisation de la ligne à une date non définie, en tout cas après 2027. Or, la Déclaration d'Utilité Publique qui permet
d'entamer les travaux de cette LGV Bordeaux Dax sera caduque en 2031.
En 2020, E. Macron et J Castex
relancent le projet, mais en 2023, par ses options de cadrages budgétaires, un rapport
du Conseil d’orientation des infrastructures, sous l’impératif de la
planification écologique, reporte de quinze ans la mise en service du tronçon
Bordeaux-Dax qui était censé être mis en service en 2027, soit un renvoi
vers 2042.
La représentante du gouvernement basque espagnol ne manque
pas de réagir en rappelant qu’il s’agissait aussi d’un projet européen, et que
les travaux ferroviaires engagés côté espagnol dès 2008 seront bien achevés en
2027. Aussi demande-t-elle au ministre français des transports des précisions
sur la préférence accordée au scénario dit « Planification
écologique », qui recule d’une quinzaine d’années le tronçon Bordeaux-Dax
et, par conséquent, la liaison vers l’Espagne.
Le ministre des transports C. Beaune promet alors qu’il n’y
aurait pas de décalage dans le calendrier des travaux, mais concède que la
branche la plus prioritaire et la plus rapide à faire est la ligne vers
Toulouse
La prolongation de la
ligne de Dax vers l’Espagne n’est, elle, ni programmée, ni financée. Aussi, les
maires de Bordeaux, Bayonne, et Irun, remettent sur la table des discussions la
solution pragmatique, moins onéreuse, plus sobre, plus rapide à réaliser : moderniser
plutôt la voie ferrée existante entre Espagne et Nouvelle-Aquitaine, comme
alternative à la LGV,
De plus, cette
deuxième phase de travaux a soulevé un temps quelque inquiétude au sujet de la
nouvelle halte dite « halte côte
landaise » planifiée à la grande zone d’activité logistique de Saint-Geours-de-Maremne
desservant en outre les stations
littorales landaises. Cette gare nouvelle étant susceptible de concurrencer la
gare de Dax, il a fallu assurer cette dernière de sa pérennité comme future
gare LGV du sud des Landes. Reste que sa place sur le trajet France-Espagne
n’est pas claire.
Vingt ans, entre protestations
et oppositions persistantes, doutes sur le calendrier de réalisation de report
en report, cout et hésitations sur les participations au financement, la LGV
fait de plus en plus penser à l’Arlésienne.
source: vidéo GPSO
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