LGV OU ARLESIENNE ?

source: vidéo GPSO


Le projet de ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Dax, sur l’axe stratégique du réseau européen reliant la péninsule ibérique au reste de l’Europe par la face atlantique, a été lancé au milieu des années 1990. Cette ligne permettrait en effet de renforcer la liaison entre Paris et Madrid, et, en restant une voie mixte TGV/fret, de décharger le trafic de marchandises sur l’A63

En 2003, le Comité Interministériel d’Aménagement et de Développement du Territoire ayant retenu la réalisation de la LGV Sud Europe Atlantique, de Tours à Bordeaux, et son prolongement vers l’Espagne dans la liste des grands projets d’infrastructures de transport à réaliser, retenait 2020 comme date de mise en service du projet ferroviaire entre Bordeaux et l’Espagne.

En 2007 est créé une mission des Grands Projets du Sud-Ouest chargée du pilotage des études, devenue le GPSO, Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest, en 2022

Apres les études préalables, le débat public a donné lieu à plusieurs propositions de tracé.

La première option était la transformation de la section actuelle Bordeaux-Dax-Irun en ligne mixte, par mise à quatre voies de la ligne existante ayant l’avantage d’être droite avec peu de passages à franchir.

La deuxième option consistait en la construction d’une ligne nouvelle LVG passant par l’ouest des Landes, comportant un tronçon de LGV de Lamothe au sud de Dax, en ligne droite du côté de la RN10, et une ligne mixte du sud de Dax à la frontière espagnole.

La troisième option consistait en une ligne nouvelle LGV passant par l’est des Landes, avec l’avantage de désenclaver et desservir Mont-de-Marsan …ou presque.

Et c’est le fuseau Est des Landes qui a été retenu et validé par décision ministérielle en 2012, avec un tronc commun de 55 kms avec la LGV reliant Bordeaux et Toulouse, entre Saint-Médard-d’Eyrans et Bernos-Beaulac qui se trouve à proximité de Capiteux. Une nouvelle gare TGV de Mont de Marsan serait alors établie, mais à 13 kms de la ville, aux abords du bourg de Lucbardez-et-Bargues, à proximité de l’A65. Un bémol cependant : finalement pas de liaison ferroviaire entre les deux, mais seulement des bus)

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Il a été prudemment prévu de créer cette ligne en deux temps : relier d’abord Bordeaux à Dax, puis plus tard la liaison plus difficile de Dax à l’Espagne, critiquée par les élus basques. (Alors que la LGV espagnole Vitoria-Bilbao-Saint-Sébastien-Frontière, devait permettre de relier Paris et Madrid à l’horizon 2030


Après les enquêtes publiques ouvertes en 2014, la ligne nouvelle entre Bordeaux et Dax est déclarée d’utilité publique par décret du 2 juin 2016, malgré l’avis défavorable de la commission d’enquête publique. Mais il convient de préciser que le secrétaire d’état aux transports était alors le landais Alain Vidalies !.

Le projet bénéficie de l’appui du président de la région de Nouvelle Aquitaine, du Conseil départemental des Landes et de la CCI des Landes. Mais les oppositions se sont multipliées. La pertinence et l’utilité réelle du projet sont contestées. On évoque les dégâts environnementaux et l’amputation des espaces naturels, la destruction de centaines d’hectares de forêt dans le parc naturel régional des Landes de Gascogne.

A la possibilité raisonnable de l’alternative d’une rénovation de la ligne existante, on oppose le cout exorbitant de la construction de nouvelles lignes et le financement aléatoire d’un tel projet.

Outre les recours administratifs, les associations d’opposants manifestent (Eelv, Sepanso, le collectif le Cade, les Amis de la Terre, Atac, la CGT), d’autres s’organisent pour éventuellement complexifier les procédures d’expulsion, on menace même d’ouvrir de nouveaux lieux de résistance, de ZAD.

Dans les Landes, ce sont donc environ 80 kilomètres de voies ferrées à construire entre Bourriot-Bergonce et Dax, en traversant 24 communes, et en sacrifiant 1032 hectares de forêt et 73 hectares d'espaces agricoles.

33 constructions sont par ailleurs situées sur le tracé et l'emprise de 100m de large de la future ligne, et donc concernées par des procédures d’expropriation. On décompte ainsi 29 maisons, 3 sièges d'exploitations agricoles et 1 entreprise.  Ces biens à exproprier sont situés sur onze communes, particulièrement sur les communes d’Arue, Pontonx-sur-l'Adour, et Uchacq-et-Parentis, qui comptent six ou sept maisons ou bâtiments menacés.

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Pourtant, en 2017, E. Macron stoppe le projet en déclarant que "La réponse aux défis de nos territoires n'est pas de promettre des TGV ou des aéroports de proximité à tous les chefs-lieux de départements de France". Ainsi, aucune LGV n'est programmée d'ici la fin du quinquennat.

En 2018, le Conseil d’État a finalement rejeté tous les recours déposés par les communes et associations contre le projet et la déclaration d'utilité publique de la LGV et a validé le plan de financement dans lequel l’État est partie prenante aux côtés des collectivités locales de Nouvelle-Aquitaine.

Mais, la même année, la commission du Conseil d’orientation des infrastructures conclut que la ligne à grande vitesse Bordeaux-Dax "ne semble pas envisageable avant un horizon lointain". Le projet de ligne serait bien maintenu mais reporté en proposant, faute de financement, un phasage différant la réalisation de la ligne à une date non définie, en tout cas après 2027Or, la Déclaration d'Utilité Publique qui permet d'entamer les travaux de cette LGV Bordeaux Dax sera caduque en 2031.

 

En 2020, E. Macron et J Castex relancent le projet, mais en 2023, par ses options de cadrages budgétaires, un rapport du Conseil d’orientation des infrastructures, sous l’impératif de la planification écologique, reporte de quinze ans la mise en service du tronçon Bordeaux-Dax qui était censé être mis en service en 2027, soit un renvoi vers 2042.

La représentante du gouvernement basque espagnol ne manque pas de réagir en rappelant qu’il s’agissait aussi d’un projet européen, et que les travaux ferroviaires engagés côté espagnol dès 2008 seront bien achevés en 2027. Aussi demande-t-elle au ministre français des transports des précisions sur la préférence accordée au scénario dit « Planification écologique », qui recule d’une quinzaine d’années le tronçon Bordeaux-Dax et, par conséquent, la liaison vers l’Espagne.

Le ministre des transports C. Beaune promet alors qu’il n’y aurait pas de décalage dans le calendrier des travaux, mais concède que la branche la plus prioritaire et la plus rapide à faire est la ligne vers Toulouse

 

La prolongation de la ligne de Dax vers l’Espagne n’est, elle, ni programmée, ni financée. Aussi, les maires de Bordeaux, Bayonne, et Irun, remettent sur la table des discussions la solution pragmatique, moins onéreuse, plus sobre, plus rapide à réaliser : moderniser plutôt la voie ferrée existante entre Espagne et Nouvelle-Aquitaine, comme alternative à la LGV,

De plus, cette deuxième phase de travaux a soulevé un temps quelque inquiétude au sujet de la nouvelle halte dite « halte côte landaise » planifiée à la grande zone d’activité logistique de Saint-Geours-de-Maremne desservant en outre les stations littorales landaises. Cette gare nouvelle étant susceptible de concurrencer la gare de Dax, il a fallu assurer cette dernière de sa pérennité comme future gare LGV du sud des Landes. Reste que sa place sur le trajet France-Espagne n’est pas claire.

 


Vingt ans, entre protestations et oppositions persistantes, doutes sur le calendrier de réalisation de report en report, cout et hésitations sur les participations au financement, la LGV fait de plus en plus penser à l’Arlésienne.

source: vidéo GPSO
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