BASTENNES ET LES BITUMIERES


Saviez-vous que c’est à Bastennes … et Gaujacq, qu’on tira le plus anciennement connu et, pendant un temps, presque tout le bitume employé en France, sinon en Europe ?
Non ? 
 C’est un peu normal car cela remonte à une courte période allant du milieu du XVIIIe jusqu’au milieu du XIXe siècle.

On connaissait ici depuis longtemps plusieurs sources sulfureuses ramenant parfois du bitume à la surface et où il formait des dépôts, comme à Caupenne.  A Gaujacq, l’on voyait suinter un liquide huileux noirâtre à quelques mètres de profondeur. Lorsque le minerai effleurait, on l’exploitait dans de petites mines artisanales. En effet, dans cette région de plissement du nord des Pyrénées, dont la géologie complexe a fait le bonheur des minéralogistes et des collectionneurs de cristaux d’aragonite ou de quartz, le bitume (différent du goudron qui n’existe pas à l’état naturel, ou de l'asphalte qui est un mélange de bitume et de granulats) et ici à l'état solide, remontait par des fractures et fissures du soulèvement et imprégnait alors les sables fauves du tertiaire et les bancs de molasse coquillière ou falun ( fossiles de coquillages et  dents de poissons).

Extrait de la carte géologique du département des Landes de Eugène Jacquot -1873

C’est ainsi qu’il existait là, sur le penchant de deux collines allant du SE au NO depuis Bastennes jusqu'à Gaugacq , « l'espace d'une lieue, sous 1,5 à 2 pieds de terre végétale et 2 pieds de sable quartzeux, plusieurs couches de 2,5 pieds d'épaisseur de molasses agglutinés par du bitume, séparées par du sable ». 
Extrait de la carte minéralogique des Pyrénées de Louis Galabert - 1831.

Depuis Dax, un certain Duché de Vanci, gentilhomme accompagnant et relatant le voyage de Philippe d’Anjou appelé au trône d’Espagne, écrivait le 2 février 1701 :
« Un capucin nous dit, en parlant de ce qu’il y avait de curieux à voir dans le pays, qu’à trois lieues de Dax, en un lieu nommé GOYAC, dans les Landes, qui est à M. de Sourdis, on avait trouvé, depuis trois ans, des sources de bitume, qu’il nous nomme bitumières, ce qui doit produire un grand profit. Ce bitume est une liqueur qui sort de la terre, et qui, étant fondue, se transporte dans les barriques. On s’en sert pour enduire les vaisseaux, au lieu de goudron, et l’usage en est beaucoup meilleur. Il nous dit qu’il y avait dès à présent dix-sept fourneaux qui travaillaient ; et que chaque fourneau fondait de dix-huit à vingt barriques par jour ; que chaque barrique contenait deux quintaux et demi, et que le quintal se vendait dix écus ; cela étant, voilà une belle découverte que l’on a faite ».
Une lettre de M. Arnoul à M de Pontchartrain contrôleur général en juillet 1700 (Archives de Bayonne) indiquait :
« C’est un bitume mêlé de terre que la force du feu sépare et liquéfie, et pour le raffiner on met dans un fourneau une couche de vois qui lève un peu sur le derrière et le bout de devant aboutit dans un conduit ou réservoir ; sur cette couche de bois on met une couche de mine et on fait de cette manière diverses couches de bois et de mine jusqu’à ce que le fourneau soit plein. Ensuite on met le feu au bois qui fait que la mine se fond, se raffine et coule par le conduit ou canal qui est au milieu dans le réservoir qui est sur le devant du fourneau. On prétend de cette matière est infiniment meilleure que les autres sortes de brai dont on se sert ordinairement qu’il en faut beaucoup moins pour oindre les vaisseaux et pour le bordage et que ce brai vaudra mieux que celui de Dalmatie ; on en a déjà envoyé dans divers ports de mer pour en faire des épreuves »

L’exploitation de ce bitume Chalossais est confirmée par un mémoire repris par le Mercure de France en 1725, puis par M. de Secondat qui en donne un extrait dans ses Observations de Physique … en 1750.



« Dans la paroisse de Bastennes, juridiction de Gaujacq, et celle de Caupenne, limitrophes de l’une à l’autre, situées dans la Chalosse …. se trouve une mine de bitume, dans un banc continu et si étendu qu’il n’a pas été possible jusqu’ici de comprendre où peut en être le centre, non plus que toutes les extrémités.
A Caupenne avant l’établissement fait pour l’épurement de cette matière, on y en avait vu de tout temps une mine ouverte, mais dont on ne faisait que fort peu d’usage, parce que ce bitume étant mêlé avec beaucoup de terre, et d’autres matières qui lui sont étrangères, et d’une nature différente, on ne pouvait s’en servir qu’avec beaucoup de peine. A Bastennes, au contraire, ce bitume s’y étant montré que fort peu de temps avant qu’on y construise des fours et d’autres bâtiments nécessaires au dépouillement de ce qu’il y a d’impur, on de s’en était encore point servi. Cependant comme cette matière est beaucoup moins chargée d’autre matière étrangère, et y est beaucoup plus onctueuse qu’à Caupenne, on y a fait construire des fours, et ce qu’on a jugé de plus convenable pour séparer cette matière de ce qui peut en altérer la beauté et la bonté.
Ce bitume s’est découvert par une extrémité sur le penchant de deux collines exposées du nord à l’ouest, et ces collines au milieu du penchant, desquelles on a fait l’ouverture de la mine, sont assez rapides, surtout à Bastennes, pour y faire rouler du haut en bas par leur propre poids les terres et les déblais. Cette mine se découvre assez facilement à Caupenne ; et comme le banc y suit assez parallèlement la superficie de la terre dans la pente de la colline, à la profondeur de 4 ou 5 pieds, il est des endroits où les coulants des eaux orageuses la mettent réellement à découvert, et le banc y est d’une telle épaisseur que l’on peut en tirer beaucoup avec peu de dépense ; mais outre qu’il y est mêlé de beaucoup de terre, il renferme beaucoup de soufre qui le consomme extrêmement dans la séparation, et de façon même qu’on ne peut en tirer que fort peu d’épuré.
Pour ce qui est de la partie de la mine ouverte à Bastennes, elle se trouve beaucoup plus onctueuse, et beaucoup plus remplie de fin, jusqu’à une certaine différence du fond one parlera dans la suite ; mais le bitume y est beaucoup plus difficile à tirer, et avec beaucoup plus de dépense. Comme on avait vu par les ravines qui le découvrent à Caupenne, que le banc suivait assez parallèlement la superficie de la terre dans sa pente, la mine de Bastennes s’étant montrée environ à même profondeur, on avait jugé qu’elle devait être de même, et dans cette pensée, l’on y a fait l’établissement des fours dont j’ai parlé ; mais on a connu par le travail que l’on s’était trompé quant à la disposition du banc. Ce banc qui se montre là à l’ouverture de la même façon qu’à Caupenne, au lieu de suivre la superficie de la colline dans sa pente, s’y trouve de la même manière que l’on voit les nues en l’air ; c’est à dire, enflé ou épais dans des endroits creux, ou minces dans d’autres, d’une manière très raboteuse, et toujours néanmoins sans discontinuation, mais horizontalement ; de sorte que plus on en découvre en tirant vers la hauteur de la colline, plus il y a de terre à déblayer.
Ce banc qui s’est ainsi formé, selon toutes les apparences, des exhalations des feux souterrains, entretenus par les Mines de Bitume concentrées, doit vraisemblablement avoir un centre, dont les extrémités, comme celles qui paraissent, ne seraient que des écoulements. Ce banc, dis-je parait dans son lit comme une espèce de pierre noire d’une telle dureté, que l’on ne peut la séparer qu’avec beaucoup d’effort, et si difficilement, même avec quelque instrument tranchant, ou cassant, que puisse être, que l’on est obligé de la miner d’une manière toute singulière ; en effet, l’on ne peut en venir à bout qu’avec des aiguilles rougies à un fourneau construit tout auprès. On ne peur vider la Mine qu’avec des cuillères de fer aussi toutes rouges, et nul tampon n’y peut tenir de quelque nature qu’il soit, sinon du Bitume même. Il est encore à remarquer que dans la mine de Bastennes, dont le fond du banc est beaucoup plus rempli de souffre, que vers la superficie, on voit dans cette partie basse des effets de la nature toujours agissante aussi surprenante qu’admirable. L’extrémité de ce banc qui touche à la terre qui lui sert de lit, semble un composé d’écailles de toutes sortes de poissons ou coquillages, principalement d’écailles d’huitres, aussi bien formées, aussi solides, et de la même nature que celles que l’on tire de la mer, et depuis ce fond jusqu’au milieu de l’épaisseur du banc, l’on trouve différentes petites parties cernées, si l’on peut se servir de ce terme, dans le corps du banc, d’une manière si délicate, que l’on ne peut en connaitre le division, ou le détachement que par le sortie de ces petites parties du corps, dans lequel il semble qu’elles ont été cernées. Ces parties ainsi séparées représentent donc différentes figures d’écailles, comme de Barennes, de Moucles, de Pétoncles, outre celles d’huitres, etc…, mais d’une manière si bien travaillée par la nature, que nul trait n’y manque, avec cette circonstance cependant, que de ces petits corps, les uns paraissent depuis longtemps, et les autres plus nouvellement disposés à représenter les figures auxquelles la nature les avait destinés. Celles que l’on pourrait croire nouvellement séparées de la masse, ne sont proprement qu’une partie, ou globule de bitume massif, représentant le sujet pour lequel il était préparé, enveloppé d’une superficie de souffre blanc comme la neige ; ainsi que l’on voit la fleur sur de certains fruits, au travers de laquelle chaque trait parait d’une inexactitude inexprimable. … »
Le Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France indique en1762 :

« Le banc de bitume ressemble à une espèce de pierre noire, extrêmement dure, et dont il n’est pas possible d’enlever des parties sans faire beaucoup d’efforts. On est même obligé de se servir de grosses aiguilles de fer rougies au feu pour détacher quelques-unes de ces parties de pierre bitumeuses. Ensuite pour vider la mine on se sert de grands cuiliers de fer qu’on a fait aussi rougir a des fourneaux qui sont construits tout proche de la mine ».

Dans sa Géographie, Anton Friedrich Büsching précise en-1779 :
« Bastennes est remarquable par un banc de bitume qu'on y trouve : les mines en sont abondantes : il y est sous la forme d'une pierre très dure et fort noire, il lie les pierres si fortement qu'on ne peut plus les séparer qu'au feu. On s'en sert pour les pavés, tel est celui de la place du Château Trompette, et pour les murs. Epuré, il sert pour les vaisseaux, et cet enduit dure autant que les vaisseaux même ».
Au Château-Trompette de Bordeaux:
 « Les pierres qui servent de pavé aux remparts de cette place, ont un pied de largeur sur deux de longueur ou environ. On a employé par toise carrée environ 75 l de bitume, tant brut qu’épuré ; une superficie de niveau en pente, ou autrement couverte de pierres cimentées et liées, pour ainsi dire, avec ce bitume, pourrait résister et se soutenir longtemps. Les remparts, par exemple, du Château-Trompette renferment en plus sous des voutes, des casernes, et d’autres lieux semblables, d’une grande étendue ; et quelque soin que l’on eut pris depuis leur construction de les raccommoder tous les ans avec du mastic ordinaire, l’eau en avait cependant toujours percé les voutes, et dès qu’il pleuvait, tout était inondé ; mais depuis que l’on y a employé du bitume, tout y est fort sec, même dans les temps les plus pluvieux » 
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Avant la Révolution, les produits de la bitumière de Bastennes exploitée par les voisins du gisement étaient transportés par barriques à Bayonne pour servir aux agrès de la marine, et alimentaient une petite fabrique d’huile de pétrole à usage médicinal (veuve Pignal) construite sur les lieux et à Dax. On employait même le bitume pour … «  sceller les vases où il y a de la liqueur ». Puis, en raison des troubles qui suivirent, les gisements furent négligés, si bien qu’on n’extrayait chaque année guère plus de 2 à 3 barriques de 4 quintaux de minerai qui était expédié à Bordeaux ou vers Bayonne par le port d’Hinx (d’où partait également le bois des chênaies d’Amou, Caupenne, Donzacq, et Castel-Sarrazin, pour la construction des vaisseaux royaux à Bayonne)

Le baron de Dietrich, commissaire du Roi à la visite des Mines écrivait en 1786 à propos des couches d'asphalte dépendantes de la juridiction de Gaujac : 
« Elles sont sur le territoire de Caupenne, frontière de Bastennes, au nord-nord-oust de la maison d'Armentieu, appartenant à Pierre Boué de Bastennes ... Elles s'étendant du nord-est au sud-ouest : dans le travail fait à taille ouverte sur cette couche, on la trouve immédiatement sous le gazon, épaisse de quatre pieds, sans qu'elle soit découverte jusqu'à son sol. La partie supérieure de la couche d'asphalte, qui suit immédiatement la terre végétale, est brune sableuse ; l'inférieure a une grande consistance et beaucoup de ténacité ; elle est infiniment plus noire et plus riche en bitume ; il s'en trouve qui est mêlée d'un grand nombre de très-petits galets. On voit du côté du sud-ouest, au territoire de Bastennes, les anciennes fouilles faites par M. Poignon de Bordeaux sur cette mine d'asphalte, dont une partie est remplie de très-petites coquilles marines. On y trouve les ruines d'anciens fourneaux ».
Le naturaliste dacquois J.-F. Borda d’Oro précisait, vers 1790, que le gisement de la métairie d’Armentieu était un objet de commerce pour son propriétaire, mais que les paysans de Bastennes ne cessaient d’enlever furtivement les restes de celui qu’on exploitait auprès des fourneaux, ou l’arrachaient en fraude à coup de pioches.


Un rapport lu à l’Académie des sciences de Bordeaux le 26 aout1819 indiquant que le bitume ne provenant que deux endroits en France, dont le plus estimé à Seyssel dans l’Ain, précise que celui de Gaujacq dans les Landes « pourrait, au moyen de quelques soins, être amené à un état aussi avantageux, et pourrait être très productif pour le pays"
Aussi, l'exploitation commencée vers fin du XVIIIe siècle reprit vers 1820 et surtout après 1829, date à laquelle fut mis au point le procédé permettant de séparer le bitume des corps étrangers agglomérés. Et elle ne fut véritablement organisée sur une plus grande échelle qu’à partir de 1839 en raison des possibilités d’un plus grand écoulement de ses produits.
L’extraction du minerai se concentra à environ 800 mètres au N-NE du bourg de Bastennes, dans le fond du vallon du ruisseau d’Arrimblar qui sépare Bastennes de Donzacq, près de la métairie de Bordenave. Le banc de minerai dont les affleurements s’étendaient sur environ 1 kilomètre, était extrait par des galeries souterraines. Un gisement plus limité fut exploité plus tard dans la cuvette de quelques hectares située sur le versant est de la colline du château de Gaujacq.
Le bitume extrait était placé dans des chaudières en fonte scellées dans des fourneaux. On y versait de l’eau puis on chauffait en remuant avec une barre de bois et en raclant le fond avec une pelle plate pour séparer le minerai du sable. Le bitume qui surnageait à la surface était alors enlevé avec une écumoire pour le mettre dans des barriques.
 « En mêlant avec soin au bitume liquéfié par la chaleur deux parties de chaux carbonatée en poudre, on en forme un mortier homogène assez solide, lequel pétri ensuite avec un sixième de sable, est employé avantageusement à Bordeaux dans la construction des terrasses ; on en couvre entièrement les planchers, où l’on en remplit les joints et les fentes des bois et des pierres … En ajoutant au bitume un seizième d’essence de térébenthine ou à son défaut un peu de graisse, on en fait un vernis liquide dans lequel on plonge les bois de construction destines à être placés dans l’eau, et dont on enduit ceux qui doivent être seulement exposes à l’humidité, ainsi que les cordages et les toiles »

Malgré l’opposition des propriétaires de la surface réclamant la libre disposition des gisements comme dépendances de la propriété du sol, deux concessions furent accordées à Bastennes, par ordonnances royales de Louis-Philippe du 10 octobre 1839. Une redevance mensuelle devant être payée aux propriétaires des terrains par quintal de minerai extrait et propre à être employé. Une concession dite d’Armentieu est accordée sur 81 hectares à MM. Victor Meyrac et François Thore. L’exploitation s’y fit à ciel ouvert. Une autre dite de l’Echalassière est accordée sur 68 hectares aux deux fils héritiers de Charles Lasserre.
 L’Echalassiere : Délimitée à l’est, par une ligne depuis un point situé à 280 m à l’est de Toutou, sur le chemin de Bastennes à Bergouey, jusqu’à la maison de Le Grand Lanusse. Au nord par une ligne du Grand Lanusse à Capdoubosq et de là à Lonné. A l’ouest par une ligne de Lonné à Castelnau, et de là au point confluent du ruisseau de Castelnau avec celui de la Tuilerie. Au sud-ouest et au sud, dudit point confluent, par le ruisseau de la Tuilerie jusqu’au chemin de Donzacq à Baigts.
Armentieu : Délimitée à l’est et au sud par une ligne partant à 280m à l’est de Tourou sur le chemin de Bastennes à Bergouey et allant jusqu’au point où le ruisseau de Manhourat est coupé par une ligne menant de Tourou à Pinteou, et de là par le ruisseau de Manhourat jusqu’au point où ce ruisseau est coupé par le chemin de Mancestat à Bordenave, puis de là par une droite jusqu’au confluent du ruisseau de Castelnau avec celui de la Tuilerie. Au nord-ouest et à l’ouest, depuis le confluent précédent, en suivant le ruisseau de la Tuilerie jusqu’à sa rencontre avec le chemin de Donzacq à Baigts, puis de là par la ligne séparatrice avec la concession de l’Echalassiere ( ligne droite depuis le rencontre du ruisseau de la Tuilerie avec le chemin Donzacq à Baigts jusqu’ au sommet de l’angle que fait le chemin de Bastennes à Bergouey, qui passe au-dessus des bitumières et par les habitations de Patience, de Bordenave, de Lartigaloun, de Bitume, de Touron, etc…
Cinq ans plus tard, deux autres concessions furent accordées à Gaujacq par ordonnances royales du 19 avril 1844 : Une dite Labourdette, sur 45 hectares, à Nicolas-François Debray et Cie ; l’autre, dite Pozat, sur 16 hectares, à M Lasserre et aux héritiers de la dame veuve Dufau. Là, l’extraction était effectuée par galeries souterraines
Labourdette : Au nord, ligne droite allant de l’angle sud de la maison Bayle du Bas à l’angle sud de la maison Legué, puis de là à l’angle SE de la maison Mirande, puis de ce point à l’angle est de rencontre du chemin du château à l’église avec celui de Gaujacq a Bastennes. A l’est, ligne droite à partir du point précédent en suivent la limite septentrionale de chemin de Gaujacq a Bastennes jusqu’au point où il est rencontré par e prolongement de la façade est de la maison Quillon, puis de là par la ligne droite aboutissant à l’angle NE de la maison Patché. Au sud, par une ligne droite depuis le point précédent jusqu’à l’angle est de la maison Thomas. A l’ouest, ligne droite depuis le point précédent jusqu’à l’angle Sud de la maison Bayle du Bas.
Pozat : Au nord, ligne droite depuis l’angle est de rencontre du chemin du château à l’église, avec celui de Bastennes à Gaujacq, jusqu’à l’angle SE de la maison Mirande. A l’est, par ligne droite partant du point précédent jusqu’à l’angle NO de la maison Lahouliere. Au sud, par une ligne droite allant de point précédent à l’angle NE de la maison Patché. A l’ouest, par ligne droite du point précédent jusqu’au point où le prolongement de la façade Est de la maison Quillon rencontre le chemin de Gaujacq à Bastennes, puis de là en suivant la limite septentrionale de ce chemin jusqu’à l’angle Est de la rencontre du chemin du château à l’église.

Le bitume ayant la propriété d'adhérer aux matériaux et d'être étanche et isolant, il était employé comme enduit sur la pierre ou le bois, les cordages et les toiles, pour garantir de l'humidité et donc spécialement les couvertures des bâtiments en terrasse, les platelages des ponts, les chapes des voutes, le jointement des dalles, pierres ou briques, l'enduit des conduites, bassins, et citernes, la construction des dallages pour trottoirs, le pavement des rues. Mais il ne s’employait pas seul.
Le succès et la renommée de Bastennes vint. Une Compagnie des bitumes de Bastennes et Gaujacq fut créée en 1838 (siège à Paris, 93 rue Faubourg Saint-Denis) pour l'exploitation et l’application des produits des mines. Elle fournissait presque tout le bitume, réputé et d’excellent qualité, dont on se servait pour la préparation des mastics bitumineux, en le mélangeant à chaud à du calcaire asphaltique provenant des mines de Seyssel. Ces mastics étaient coulés en pains de 25 kg à l’aide de moules pour être livres à l’industrie. Des magasins étaient établis à Dax, des dépôts installés à Bayonne, Bordeaux, Rouen, Le Havre. 
Le génie militaire employa le bitume de Bastennes dans plusieurs fortifications, non seulement aux proches places de Dax, Bayonne ou les réparations apportées aux anciennes fortifications ont répondu de manière si satisfaisante que le gouvernement a conclu en 1838 un très gros contrat pour des travaux supplémentaires, Navarrenx ou Saint-Jean-Pied de Port, voire Pau, Tarbes ou Auch, mais aussi à Oléron, Perpignan, Mont-Louis, Soissons, Mulhouse. 
On l’employa sur les trottoirs de Paris (les mastics étaient refondus dans des chaudières ambulantes), à l’Hôtel royal des Invalides, au Palais d’Orsay, à l’hospice royal de Charenton, au Pont-Neuf, à l’ensemble des arches et voutes des chemins de fer pour Versailles et Saint Germain, aux réservoirs construits pour contenir les eaux de la Seine à Batignolles (1834). On l’a même employé sous forme de mastic pour isoler les fils lors de la construction de la première ligne télégraphique souterraine de Paris.

Le succès gagna l’Angleterre. Un important marché fut conclu avec une compagnie anglaise pour toutes les fournitures à faire hors de France. On peut, à ce sujet, lire dans un article anglais de 1840 que cette « Bastenne Company » a présenté le meilleur des revêtements asphaltés près de la Northumberland House à Londres; une pièce de 40 pieds sur sept sur le Blackfriars brige sur la Tamise; un travail considérable en pavant 830 pieds superficiels, devant la salle des gardes à Woolwich, qui, même si elle est traversée par beaucoup de passants, et battue par la garde, reste immobile; enfin, le sol des stalles appartenant à la caserne de cavalerie de Knightsbrige, est probablement le meilleur exemple du trottoir asphaltique posé dans le pays, qui n’a pas été altéré par les coups des sabots des chevaux.
En 1855, fut créée une Compagnie des Asphaltes de France, laquelle réunit entre autres les mines de Seyssel et de Bastennes, et donc, par fusion, les sites de l'Echalassière, d’Armentieu, et Labourdette.
De 1834 à 1871 on aurait extrait 93 400 tonnes à Bastennes et 9 000 à Gaujacq. Un rapport dans l'Exposition de l'industrie française pour 1844 indique que la mine de Bastennes employait pas moins de 400 ouvriers. En 1839 Debray et Cie indique même qu'elle occupait plus de 600 ouvriers pour permettre de répondre à la demande

Mais, dès 1855 et 1856, l'ingénieur des mines faisait des rapports pessimistes au Conseil Général des Landes, concluant que tout faisait craindre que dans bien peu d'années l'industrie des bitumes ne soit complètement perdue pour le département.
"Des quatre mines de bitume exploitées jusqu'ici, deux ont été abandonnées complètement, ce sont celles de Labourdette à Gaujacq, et de l'Echalassière à Bastennes ; une troisième, celle d'Armentieu, ne donne plus lieu qu'à une extraction insignifiante ; enfin, celle de Pozat, la seule à laquelle il reste un peu d'avenir, ne semble pas devoir fournir longtemps encore à une consommation active. Pendant chacune des deux années qui viennent de s'écouler, la production n'a pas dépassé 8 000 quintaux métriques, cette année elle sera moindre encore".
L’avenir de l’industrie bituminière du pays reposa un temps sur le dernier site de Pozat.  Malheureusement son bitume fut d’une qualité inférieure, trop chargé de pétrole.  L’exploitation cessa en 1857.

Il semble pourtant qu’on y travailla encore les années suivantes puisque en 1870 le nombre d’ouvriers attachés à Bastennes, tant à la mine qu’à l’usine, variait encore de 50 à 200 (!) selon l’importance de la fabrication, pour une production annuelle s’élevant jusqu’à 42 000 quintaux, avant que n’intervienne la fermeture des sites l’année suivante en raison de la concurrence et l’arrivée des bitumes d’Amérique (ile de Trinidad). En 1873 les anciennes galeries de Gaujacq sont comblées par des éboulements.


M. Meyrac : Notice sur le bitume de Bastennes et sur ses usages (extrait), dans Bulletin des sciences par la société philomathique de Paris -Volume 8 – 1821.
M. Meyrac : Notice sur les propriétés physiques et chimiques du bitume et les avantages qu’il peut offrir aux Arts, dans Journal de Physique …… T XCIV -1822.
M. Lefebvre : Notice sur les bitumes de Bastennes et de Gaujacq (Landes), dans Annales des mines – troisième série T XIII – 1838