LOU TAC, LOU BECUT ...é lous aoùts



Déjà peu engageantes par leur paysage, les Landes d’autrefois étaient en outre peuplées de diverses créatures. Aussi, pour peu qu’on soit sensible aux superstitions et légendes, ne faisait-il pas bon de se promener la nuit dans ce pays de mauvais esprits, sorcières, loups-garous, revenants et apparitions !

Voici quelques unes des rencontres éventuelles 
  

Lou Becut

couverture des Contes Populaires de la Gascogne
de J.F. Bladé - ed Aubéron-2008

Personnage légendaire dont les traces écrites remontent au XVIIe siècle. C est une sorte d’ogre, ayant la particularité de n’avoir qu’un œil ouvert au milieu de front. (N'a pas qu'un gouelh sou ten). Féroce et vorace il était un objet d’effroi pour les paysans. Géant haut de sept toises, pesant dix quintaux, avec un nez  ressemblant à un groin de porc, il dévorait le enfants pour vivre et subsister, en les faisant cuire vivants avant de les manger.
Pour lui échapper,  il fallait le rendre aveugle en lui crevant son œil.
A Contis, il aurait finalement été enseveli dans les sables du Tuc du Becut. A Castets, il aurait été englouti dans les eaux de la Fontaine Vive. A Rion, il aurait été empoisonné par du panturon

Certains auteurs y ont vu un rappel des anciens francs succédant à la conquête romaine et qui se présentaient la tête couverte d’un heaume de fer ne laissant respirer que par une ouverture grillée semblable à un grand œil au milieu du visage.  De plus, ces hommes de haute stature, rudes ; et aux instincts grossiers,  terrifiaient la population. Ainsi devenus objets de crainte, on en aurait d’abord menacé les enfants indisciplinées ; puis au fil du temps, la menace créa cet être légendaire.

On peut plus sûrement penser qu’ il s’agit là d’une survivance de la légende du cyclope Polyphème de l'Odyssée d'Homère, combattu par Ulysse, que l’on retrouve un peu partout sous des formes diverses.

En gascon, Becut signifie pourvu d’un bec, et par extension, vorace glouton ogre. C est ainsi que le mot s’applique encore aujourd’hui au cousin,  moustique qui peuplait les lagunes et marais landais, avide de sang tout comme notre créature.

Lou Tac

Cet être fantastique des légendes landaises anciennes vivait la nuit dans les bois et près des fontaines, attirant ses victimes en sifflant. Capable de prendre des formes très variées, il cherchait toujours à se faire porter sur le dos de ceux qui l’approchaient,  jusqu’à épuisement de sa victime et parfois son trépas. Après quoi il s’enfuyait  en ricanant.

Lou Came-Crude

Cet être rodait le soir autour des métairies pour attaquer les petits enfants. (Came-crude signifiant jambe ou chair crue). La légende lui attribue l'apparence d'une jambe nue, avec dents et griffes, munie d'un œil à la roture. Elle s'attaquait alors à ceux qui restaient dehors tard dans la nuit.




Lou Soupe-tout-Sé 

C'était une sorte de croque-mitaine (Soupe-tout-sé signifiant soupe tous les soirs) 
Le came-crude è lou soupe-tout-sé
Qué renden le nouéït plène de danyé



Lou Gnagnan-Pehut

C’était aussi une bête poilue destinée à impressionner les enfants.  (Gnagnan signifiant  épouvantail et  Pehut signifiant  poilu)

Lou Boum

C’était uns sorte de monstre marin qu’on entendait  mugir dans le endroits marécageux et dans l'étang de Léon. Il était annonciateur de sècheresse ou de froid, et en tout cas de pénurie et cherté des vivres.
Mais pour d’autres, c était un immense oiseau qui lui aussi apparaissait  pour annoncer la cherté des vivres


 Une autre version évoque un certain avare, Vidau de Bourns, qu’on entendait crier sous la terre où il avait été englouti pour y faire pénitence jusqu’à la fin du monde pour avoir été dur à l'égard des pauvres. Les aboiements de ses chiens se mêlaient à ses gémissements.

Lou Houlet

Proche du précédent, il battait les eaux la nuit avec violence, et on pouvait entendre sa  respiration  sifflante et oppressée. Il fallait alors fuir sous peine qu’il ne noie celui qui l’écoutait.

Lou Loup-Garous

Bien sur pas spécifique aux Landes, c’était un être quelconque en apparence mais ayant pactisé avec Satan. Le soir il se changeait en bête, revêtu du prisse,  pour aller au sabbat. Il attaquait les humains  pour recouvrer sa liberté pour sept ans. A Buanes on affirmait qu'ils se réunissaient dans les plaines entre Bahus Soubiran et Latrille. Si on le blessait de sorte que le sang coule il était  guéri ; par contre, si on  le tuait, on apprenait  le lendemain on apprend qu une personne était morte subitement dans la nuit.

 Lou Rey Artus

C’était un seigneur grand chasseur qui, ayant un jour de Pâques préféré la chasse à la messe  disparut dans les airs avec sa meute ses chevaux et ses valets. Depuis lors il y chassait et on pouvait l’entendre les nuits d’hiver. On disait qu’il n’attrapait qu’une mouche tous les cent ans, que ses chiens se partagent.


C’est ainsi qu’en Chalosse il désignait le chat huant, oiseau de mauvais augure dont les cris funèbres annonçaient un malheur

Le Bécherre

Chèvre perdue ou variété de loup garou qu’on entendait  la nuit pousser des bêlements ou hurlements plaintifs. A Lesperon, on l’entendait au Pouy Blanc

Lou Carcolh

C’était un escargot (caracol en espagnol)  monstrueux qui logeait dans une caverne au dessous de la ville de Hastingues. Cette bête  immonde, sorte de long serpent visqueux et velu, en sortait lorsque un imprudent s’en approchait. Il enlaçait sa victime des ses tentacules  et la mangeait.

Cela pourrait être lié au fait que les habitants menacés par une invasion quelconque  auraient caché leurs trésors dans le coteau et dès lors  ainsi découragé les éventuels convoiteurs.


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Le Dame Blanque

Elle apparaissait aussi la nuit, la veille de grandes calamites.

Le Dame-Blanque acoumpagnade d’un betet que parech à le laguiùe de Pécoume à Lesproun, Que y oùra un malur, que le bede le noueyt toute de blan bestide, Que s‘escape que le bede.

Les Marmuques

C’étaient aussi des apparitions, fantômes ou ombres sépulcrales qu’on apercevait la nuit voltigeant dans les airs ou au dessus des eaux.

Lou Mandago

C’était le démon de la richesse, animal mystérieux qui procurait l’abondance a ceux qui avaient le bonheur de le posséder. Rat, renard ou chèvre blanche, il ne sortit qu'une fois par an, à partir de minuit et jusqu’au lever du soleil. Il fallait l’attraper pour que la richesse vienne.
Par extension, c’était le trésor obtenu du diable en échange de son âme. On disait de quelqu'un dont l'origine de la fortune était inexplicable : Qu'a lou mandago.

Les Hades ou Hadèles

 Bien sûr, il ne faut pas oublier les fées, lutins et farfadets qui s amusaient aux dépens de ceux qui les écoutaient
Partout dans les Landes on rencontre las canes (cavernes), crampes (chambres), peyres (pierres) houns (fontaines) ou pouns (ponts) de la hades.
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 A LIRE

Felix Arnaudin - Contes populaires de la Grande Lande
Abbé V Foix - Glossaire de la sorcellerie landaise (Revue de Gascogne 1903 1904)
Abbé V Foix - Sorcières et loups-garous dans les landes
David Chabas - La sorcellerie et l insolite dans les Landes et les pays voisins
Jean-Francois Bladé - Contes populaires de la Gascogne
Jean Peyresblanques - Contes et légendes des Landes

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