La BOHA qu’on prononce
ici « bouheu », signifiant souffle en gascon, fut longtemps, avec le fifre et le tambourin, un des
instruments de base de la vie populaire des Landes
girondines, du Bazadais, de la Haute Lande, des Petites Landes, du Marsan, du
Marensin, du Brassenx, et de l’Armagnac. Au XIXe, et même début du XXe siècle,
les BOHAIRES, à prononcer « bouhayres », qui en jouaient animaient
les bals lors de toutes les fêtes, locales, noces et maîades.
Cette boha est ce que les ethnomusicologues ont désigné comme la cornemuse landaise, renommée,
depuis les années 1980, cornemuse des Landes de Gascogne et plus récemment
cornemuse de Gascogne pour ne vexer personne après sa résurrection et l’expansion
géographique de la pratique !
C’est donc bien une cornemuse. Mais elle est particulière
et originale, bien différente des cornemuses écossaises, irlandaises ou
bretonnes, et donc unique en Europe occidentale.
Ses deux perces, tuyaux de jeu parallèles, sont sur une même
pièce de bois dite « pihèt » et non sur deux pièces spécifiques, et
ces tuyaux mélodiques sont à anche simple en roseau. L’un comporte des trous, l'autre est un tuyau
d'accompagnement accordable ou variable, grâce à une pièce de bois coulissante
qui en fait un instrument polyphonique aux sonorités différentes des cornemuses celtiques
La souche et le buffet en buis, cerisier, ou sorbier,
sont fixés sur une poche en peau d'agneau ou chevreau entière et retournée
avec les poils à l'intérieur, la partie mélodique
et l’unique bourdon à deux tons faisant partie de la même pièce de bois.
Si on ne sait rien de ses origines,
on retrouve dans les Landes des représentations de joueurs de cornemuses, sous
forme de sculptures ou fresques, dans plusieurs églises anciennes telles de
Commensacq, Arx, Tosse, Biganon, Suzan, ou Bascons, témoignant de son usage antérieur
au XVIe, voire aux XVe ou XIVe siècles.
On a même rapproché sa conception à un fragment de cornemuse du XIe siècle retrouvée sur le site lacustre du lac de Paladru (Isère) qui constitue l’instrument de cette famille le plus ancien conservé au monde (double tuyau percé dans la même pièce de bois, que les archéologues ont identifié comme la partie mélodique)
Elle s'apparente également aux instruments utilisés en Europe orientale (Slovaquie, Hongrie, Bosnie)
Sa pratique est particulièrement vivante jusqu’à la fin du XIXe siècle, attestée par Felix Arnaudin dans son ouvrage « Chants populaires de la Grande Lande » (1912)
On a même rapproché sa conception à un fragment de cornemuse du XIe siècle retrouvée sur le site lacustre du lac de Paladru (Isère) qui constitue l’instrument de cette famille le plus ancien conservé au monde (double tuyau percé dans la même pièce de bois, que les archéologues ont identifié comme la partie mélodique)
Elle s'apparente également aux instruments utilisés en Europe orientale (Slovaquie, Hongrie, Bosnie)
Sa pratique est particulièrement vivante jusqu’à la fin du XIXe siècle, attestée par Felix Arnaudin dans son ouvrage « Chants populaires de la Grande Lande » (1912)
Instrument des rondeaux ou des congos,
elle fut cependant concurrencée au début du XXe siècle par la vielle à roue
puis l’apparition de l’accordéon diatonique mieux adaptés au répertoire des
nouvelles danses (mazurka, polka, valse, scottish). Elle fut ainsi
progressivement délaissée entre les années 1920 et 1950, hormis une survivance
dans les premiers groupes folkloriques, en particulier par Justin dit Jeanty
Benquet, décédé en 1957, considéré comme le dernier des sonneurs bohaires
traditionnels.
Ce n’est qu’à partir des années 1970
que l’instrument suscita un regain d’intérêt et des recherches dans toute la
Gascogne. Des ateliers de factures d’instruments ont commencé à reconstituer à
l’identique les cornemuses oubliées et retrouvées. Cette renaissance permit, en s’inspirant des
bohas anciennes, la fabrication de nouveaux instruments adaptés à la demande
des joueurs réguliers qui se sont multipliés. Une association, « Bohaires
de Gasconha », crée en 1993, a entrepris de développer l’enseignement et
la pratique de cet instrument et de promouvoir la culture qui l'entoure.
A LIRE
Jacques
BAUDOIN - Les instruments de musique dans les Landes – Revue Pastel n° 57, COMDT,
Toulouse, 2006
Lothaire
MABRU – La cornemuse des Landes de Gascogne – Les cahiers du Bazadais n°74, centre Lapios, Belin-Beliet,1986.
Gilbert
DARDEY, Yan COZIAN. – Autour d’une cornemuse landaise - Bulletin de la société
de Borda, n° 481, 1er trimestre 2006.
Actes
du colloque des 20 & 21 mai 2006, Abbaye d'Arthous, Hastingues (40) – La
cornemuse landaise - Centre départemental du patrimoine, Conseil Général des
Landes, Mont-de-Marsan 2006.
_________________