LE PONEY LANDAIS, du Ledon au Barthais

 

Crédit photos
 ©www.classequine.com  - ©www.grand-dax.fr

Sans doute moins connu que son voisin basque le Pottok, le poney landais n’en reste pas moins une race particulière et autochtone de petit cheval rustique et sauvage dont les origines génétiques et historiques inconnues pourraient remonter à la nuit des temps.

Mais attention, ce n’est pas le poney trapu et court sur pattes qu’on imagine, mais un véritable cheval miniature de moins de 1,35 m au garrot (aujourd’hui jusqu’à 1,42 m). D’aspect primitif, étrange et à l’air sauvage, hirsute au poil ébouriffé, il serait ainsi la survivance du cheval de l’ère quaternaire, héritier de la race très ancienne du Tarpan des steppes et des chevaux représentés sur les peintures rupestres des grottes préhistoriques ou les figures magdaléniennes de l’abri Duruthy à Sorde.

Tête de cheval de Duruthy

Malheureusement, après l’extinction, dans les années 1950, des animaux qui peuplaient les Landes côtières et intérieures, la race n’est fragilement maintenue aujourd’hui que par les poneys des bords de l’Adour, et reste en danger critique.

 

LES PONEYS DE LA LANDE

 (chibaù de sable)

Ledon

Ces poneys vivaient autrefois en bandes véritablement sauvages dans les landes rases de la Haute Lande. Après les campagnes d’assainissement et de plantation des pins au XIXe siècle, ils se regroupèrent dans les « lèdes » ou « lettes », dépressions humides, marais, lagunes entre les dunes du littorales du Marensin. De là, la dénomination de Lédons. Non domestiqués à l’origine et en totale liberté, personne ne s’occupait d’eux en dehors de l’époque des foires lorsqu’on allait les capturer pour être enfermés et dressés au travail, produire du fumier, ou être vendus vifs ou morts. On y employait alors l’esquire, clochette attachée au cou d’une jument pour les dépister, puis le lasso, ou un piège nommé « barredé » (barrière), sorte d’enclos déployé sur leur chemin.

Extrait de l'Atlas d'Eugène Gayot sur la production des chevaux en France en 1850 

Plus tard, bien que se déplaçant à leur gré et sans complément de nourriture, ces animaux appartenaient à divers propriétaires.  Aux débuts du XXe siècle, près d’un millier de ces poneys étaient encore présents sur les étendues dépendant de St Julien en Born et de Lit et Mixe, dans le marais de Contis. Surnommés « chevaux de « braou » (braù, désignant le marais dans le patois local), ils étaient chaque année, à la fin du mois de novembre, rassemblés et abrités, parqués dans des enclos puis dans des parcs où du foin leur était distribué. Ils étaient relâchés dans le marais au printemps, à raison de deux étalons pour quarante juments. La plupart des métairies de la lande possédaient ainsi une ou plusieurs juments poulinières et quelques poneys.

Un métayer et sa ponette à Saint-Julien-en-Born en 1907 

Ces poneys de la lande se retrouvaient ensuite principalement aux foires de Labouheyre en juin et septembre.

Trop vagabonds en l’absence de clôtures, s’attaquant aux champs et jardins, devenant dangereux sur les routes, leur présence devint incompatible avec la civilisation croissante et ils furent délaissés. Il n’en restait plus que 70 en 1930, 50 en 1950 et seulement 10 en 1960, avant de disparaître totalement par manque d’intérêt économique.

La race du poney des Landes définitivement éteinte, ne survécut que grâce à son rameau barthais qui lui fit l’objet d’un plan de sauvegarde

 

LE PONEY DES BARTHES

 (chibaù barté)

Le poney des barthes de l'Adour, le seul ayant pu être maintenu, forme la souche du poney landais actuel. Son nom vient de son aire d’origine constitué des prairies naturelles des bords de l'Adour et du Luy que l'on nomme les Barthes. C'est le pays des prairies rases, marécageuses et inondables en hiver ou au printemps, quadrillées de fossés d'asséchement aux talus plantés de saules têtards, et bordées de bois de chênes.

Ces barthes se situent en amont et en aval de Dax (Au nord-est de Dax : St Vincent de Paul, Yzosse, Téthieu, Pontonx, Saint-Jean-de-Lier, Bégaar - Au sud-ouest de Dax : Mées, Angoumé, Rivière et Saubusse sur la rive droite de l’Adour, et Candresse Oeyreluy, Tercis, Orist, Pey, St Etienne d’Orthe, sur la rive gauche de l’Adour. Au bord du Luy : Siest Heugas).


Plus épais et moins sauvage que le poney des pins, le poney des barthes n'est pas laissé en totale liberté, mais surveillé, et sa reproduction est contrôlée (Les poulains mâles sont séparés du troupeau à deux ans au plus tard).

Au XIXe siècle, il était utilisé pour les menus travaux des champs et surtout attelé pour les déplacements des paysans et commerçants en l'absence de routes carrossables. Chaque métairie disposait alors d'au moins une poulinière.

De grandes foires annuelles de poneys barthais avaient lieu début mai à Dax et Saint-Geours de Maremne, ou en septembre à Pontonx. On en expédiait partout en France, en Poitou, Bretagne, Normandie, Nord … On en retrouvait chez les maraichers du centre de la France, , à Paris attelés en paire aux fiacres ou aux omnibus, et même dans les mines du Royaume-Uni, ou jusqu’en Indochine où furent envoyés des étalons.

Marché au chevaux à Dax au début du XXe siècle

Les poneys barthais connurent cependant un déclin similaire à celui des poneys du littoral, passant, selon la direction de l’agriculture des Landes, d’environ 700 individus avant la Première Guerre mondiale à seulement 200 en 1952. Il n’y avait alors plus que six à huit étalons. En 1961, il ne restait que 50 juments et deux étalons dans le berceau de race, et enfin un seul étalon, nommé Couscous, en 1966.

La cause de cette diminution massive des effectifs fut la mécanisation qui supprima peu à peu l’usage des poneys attelés pour le transport des denrées et des personnes. De plus, sans intérêt rentable et de faible valeur marchande, le poney barthais fut croisé avec des chevaux lourds, notamment des étalons de trait bretons, pour être destinés à la boucherie. La voie de l’extinction de la race originelle était ouverte

C’est alors qu’un plan de sauvegarde fut organisé par un groupe d’éleveurs à partir de 1967 à l’initiative du Dr Soulé, vétérinaire à Saubusse, à partir que quatre étalons barthais sélectionnés. Puis, pour faire face au danger de consanguinité, on croisa ces poneys avec des chevaux arabes et des poneys gallois (dits Welsh B). La diminution de la part de sang landais entraina alors une bâtardisation et une modification des standards de la race, dont l’augmentation de la taille et la diversité des robes : Le poney landais reconnu officiellement en 1971 devenait ainsi une sorte de pur-sang arabe miniature.


Les reproducteurs étant trop peu nombreux, ce poney landais ne représentait cependant plus que 1 % du total des poneys élevés en France en 1999. Aujourd'hui, la population de poneys landais est située hors du berceau originel, principalement dans la région de Pau, mais aussi en région parisienne, en Bretagne, dans le Centre, ou en Midi-Pyrénées. Mais les croisements et la sélection pour des modèles sportifs accentuent le risque de disparition définitive du type originel.

 

Une chasse originale : la chasse à la jument (chibaù guité).

Le poney des barthes était en particulier utilisé dès l’hiver pour la chasse aux oiseaux migrateurs. Pour s’approcher du gibier d’eau, le chasseur se dissimulait derrière une jument dressée lui servant d’écran tout en faisant mine de brouter. On parlait ainsi de jument « guitère » (guit signifiant canard en gascon) servant de leurre et capable ensuite de ne pas être effrayée par les coups de fusil tirés en prenant appui sur son dos.



________________________________________

Mais on élève des poneys landais ailleurs que dans les Landes

comme ici