PREAMBULE
Ce
portrait que l’on associe généralement à Diane d’Andoins maitresse d’Henri IV
issue d’Hagetmau, montre une belle jeune femme au port altier qui correspond
bien à l’image que cette « belle Corisande » a laissé dans
l’histoire.
MAIS
Ce
tableau de la collection de la famille de Gramont, actuellement au Musée de
Bayonne, porte bien en titre : COLISANDE.DANDOINT COMTESSE DE GUICHE, et une inscription
collée à la fin du 18e siècle au dos de la toile indique : Diane dite la
belle Corisande d'Andoins. Elle y est accompagnée d’un enfant qui serait sa
fille Catherine.
Or, le visage du portrait dit 'de Corisande' ne correspond pas du tout au visage
des autres portraits connus de Diane d'Andoins, dont :
-
Au Musée national du château de Versailles un
petit tableau attribué à Etienne Dumoustier (1520-1603) et portant
l'inscription CORISANDE D'ANDOUINS, CSSE DE GRAMMONT.
-
Au château de Blois un tableau portant
l'inscription 'MADe. LA CONTESSE/DE GUICHE'. Mais qui pourrait, selon certains,
être le portrait de d’Henriette
d'Entragues, marquise de Verneuil, autre maitresse.
-
Dans ces deux portraits, Diane d'Andouins est blonde alors que Corisande
est brune dans le tableau de la collection Gramont
Historiquement,
la seule mention d’un « tableau de Corisandre (sic)
d'Andoins » se trouve en 1678 dans l'inventaire après décès du
maréchal-duc Antoine III de Gramont au château de Hagetmau. Il se trouvait
alors sur la cheminée de la chambre du maréchal-duc, mais sans que l'on sache
si le modèle était accompagné d'un enfant.
Les
inventaires du château de Bidache de 1720 à 1741 ne mentionnent dans la chambre du duc de Gramont qu’un tableau d’une « femme habillée à l'espagnole avec une fille à son côté » mais sans autre
précision sur son identité.
Ce même tableau est mentionné dans un inventaire de 1812 à la mort de la
veuve d'Antoine VII-Antonin, dernier duc de Gramont, et décrit comme représentant
« Corisande Desandoin et son fils, femme (sic) du ci-devant vicomte
d'Astée ». Or, ni Diane d'Andoins, ni sa fille Catherine de Gramont n'ont
jamais porté le titre de vicomtesse Astée d'Aster. (Pas plus Philibert de Gramont,
comte de Guiche ou son fils Antoine II comte puis duc de Gramont).
On peut donc douter que le tableau de Bayonne représente bien Diane
d’Andoins quand on sait qu’à la génération précédente, Antoine Ier (1526-1576)
baron de Gramont, fut bien, lui, vicomte
d'Aster, et a épousé Hélène de Clermont de Trave qui signait encore 'vicomtesse
d'Aster en 1586'.
On peut alors raisonnablement
penser que le portrait dit 'de Corisande' pourrait plutôt être celui d’Hélène
de Clermont vicomtesse d'Aster, sa belle-mère. Et le deuxième personnage
du tableau serait alors une des deux filles d'Hélène de Clermont, probablement
Marguerite de Gramont.
Le modèle et sa fille sont habillés d'un vertugadin cloche à l'espagnole
très peu usité en France. Et l’on peut justement rapprocher le tableau de
Bayonne de celui d’Elisabeth de Valois, épouse de Philippe II roi d’Espagne réalisé
par Sofonisba Anguissola, peintre de la cour espagnole, conservé au Musée du
Prado : Vertugadin cloche semblable, collier identique, ceinture de bijoux
très proche, visage ressemblant)
portrait d'Elisabeth de Valois
Or on sait que, venue à Bayonne en 1565, Elisabeth de Valois fut reçue par
Antoine Ier de Gramont, maire héréditaire de Bayonne, et son épouse Hélène de
Clermont, et que. Sofonisba Anguissola, qui était également sa dame d’honneur, était
du voyage.
Toutes ces considérations militent pour une attribution du tableau dit 'de
Corisande' à Sofonisba Anguissola qui aurait, par ce tableau, rendu ainsi
hommage à l'épouse du maire de Bayonne et à sa fille en les représentant.
Toutefois, le
musée de Bayonne l’attribue au peintre de cour espagnol Pantoja de La
Cruz