Alors que l'on a évoqué un temps la suppression des départements, il est sans doute encore temps d'évoquer la naissance difficile de celui des Landes.
Il est d'abord utile de préciser aux "étrangers" que,
contrairement à ce qu'indique son nom, imposé par l'Assemblée constituante en
1790, le département des Landes ne couvre qu’une partie seulement des Landes de
Gascogne qui s'étendent aussi sur la Gironde et le Lot-et-Garonne, et qu'il
inclue en outre des régions comme la Chalosse, le Tursan et le Marsan, qui ne
sont pas vraiment "landaises de
souche" En réalité ce territoire administratif révèle, aujourd'hui comme en 1790, une
certaine hétérogénéité entre des Landes forestières, une Chalosse et un Tursan
agricoles et plutôt tournés vers le Béarn, un pays de Marsan ... et un peu
d'Armagnac.
L’origine en est une loi votée
par l'Assemblée nationale constituante le 22 décembre 1789 qui arrêta que le
royaume de France serait désormais divisé en départements districts et cantons.Un comité restreint du Comité de constitution, créé à cet effet dès septembre 1789, avait invité les provinces à
adresser leurs études, projets, rapports et documents sur les limites à
donner à de nouvelles divisions du
territoire devant se substituer aux anciennes et diverses
juridictions des provinces de l'Ancien Régime. Les multiples propositions
furent examinées en séances pendant plusieurs semaines au cours des six mois suivants.
La division de la province de Guyenne
Or, l'espace compris entre
l'embouchure de la Garonne jusqu'à celle de l'Adour apparut vite comme un de
ceux dont la division présentait le plus de difficultés.
l'ancienne Guyenne où l'on devine à peine Mont-de-Marsan ... dans le Condomois!
La question se posa d’abord de
savoir en combien de départements serait divisée l'ancienne province de
Guyenne, dès lors que chaque ville tendait de former des circonscriptions dont
elle occuperait le centre.
Un premier projet du Comité consista à créer trois départements : le Bordelais, l’Agenais, et le Dacquois. Le dernier aurait été composé des pays de Chalosse, Labourd, Basse-Navarre et Soule. Mais il ne convint à aucun des pays concernés. On en sépara donc la Chalosse, les autres pays étant réunis Béarn, et on considéra rapprocher la Chalosse du Marsan pour en faire un département.
Ce sujet du morcellement du pays landais entraîna de longues discussions à l'Assemblée et parmi les députés des sénéchaussées aux prétentions opposées. On revendiqua quatre puis cinq départements.
Les uns proposaient de réunir Grandes Landes et Bazadais. On proposa de créer un immense département recouvrant tout massif forestier des Landes de Gascogne, qu'on aurait dénommé l'Eyre, et dont le chef-lieu aurait été Lugos. Le député de Marsan s’y opposa, revendiquant une partie des Grandes Landes. Un projet appuyé d'un plan cartographié, avait été proposé à l'assemblée dès le 29 septembre 1789 par le comité de constitution. Il formait un département à priori naturel et homogène comprenant la totalité des Landes de Gascogne, du pays de Buch à la rive droite de l'Adour (Landes, Marsan, Tartas). Les pays de Dax, de la Chalosse et du Tursan y formaient une autre entité avec le pays de Maremne, le Labourd et la Basse Navarre. Béarn et Soule en constituait un autre.
Un premier projet du Comité consista à créer trois départements : le Bordelais, l’Agenais, et le Dacquois. Le dernier aurait été composé des pays de Chalosse, Labourd, Basse-Navarre et Soule. Mais il ne convint à aucun des pays concernés. On en sépara donc la Chalosse, les autres pays étant réunis Béarn, et on considéra rapprocher la Chalosse du Marsan pour en faire un département.
Ce sujet du morcellement du pays landais entraîna de longues discussions à l'Assemblée et parmi les députés des sénéchaussées aux prétentions opposées. On revendiqua quatre puis cinq départements.
Les uns proposaient de réunir Grandes Landes et Bazadais. On proposa de créer un immense département recouvrant tout massif forestier des Landes de Gascogne, qu'on aurait dénommé l'Eyre, et dont le chef-lieu aurait été Lugos. Le député de Marsan s’y opposa, revendiquant une partie des Grandes Landes. Un projet appuyé d'un plan cartographié, avait été proposé à l'assemblée dès le 29 septembre 1789 par le comité de constitution. Il formait un département à priori naturel et homogène comprenant la totalité des Landes de Gascogne, du pays de Buch à la rive droite de l'Adour (Landes, Marsan, Tartas). Les pays de Dax, de la Chalosse et du Tursan y formaient une autre entité avec le pays de Maremne, le Labourd et la Basse Navarre. Béarn et Soule en constituait un autre.
un premier projet séparant Landes et Chalosse
N'ayant pas réuni l'unanimité des suffrages, plusieurs projets successifs furent rejetés. Toutes les propositions se heurtaient aux multiples oppositions des parties concernées. Une difficulté particulière résidait dans l'incertitude du sort contesté du pays de Marsan, baladé entre un département du Bazadais, et un département de L'Agenais, et une partie amputée et incluse à un département de Dax et Adour.
Le 21 décembre 1789, le comité, les commissaires adjoints, et les députés assemblés proposèrent un autre plan dans lequel Bordeaux formerait un département jusqu’à Mimizan, un second serait formé du Marsan, des Landes, et de la Chalosse jusqu’à Bayonne. Il fur rejeté par le Marsan refusant de s’unir à la Chalosse.
Le 27 décembre, une nouvelle assemblée proposa de former un département de Bazas, La Réole et une partie des Landes, un autre réunissant toujours Marsan et Chalosse, et un troisième réunissant Bayonne,Labour, Navarre et Soule.
Ces
projet continuaient d’exciter de fortes réclamations de la part des députes de
Tartas et de Mont-de- Marsan, lesquels se plaignirent que leurs cantons ne résisteraient pas à l
influence de la Chalosse plus riche, et que leurs intérêts étaient opposés
également à ceux des habitants des Landes. De fait, Marsan et Chalosse
faisaient preuve d'une aversion réciproque née d’une incompatibilité de mœurs et d'intérêts.
Les
représentants de Dax songeaient plutôt à
s'unir à Bayonne pour former un département de l'Adour ou Chalosse. Les députés
du Marsan étaient pour leur part, hostiles à une union avec tout le pays des
Landes et étaient favorables à l’examen d'un projet de département particulier,
intermédiaire entre Bordeaux et Agen, pour être sûrs d'en obtenir le chef lieu
Le Comité essaya alors un nouveau
système de division semblant, sans espérer concilier tous les avis et intérêts
opposés, pouvoir détruire le moins de convenances possibles .C'est ainsi que
fut proposé comme naturel le rattachement de deux entités constituées d' une
grande partie des Landes (l’Albret et une partie des Landes dites de Bordeaux)
et du Marsan d'une part; et le pays de
Dax, le Labourd et la Chalosse (sauf quelques exceptions à la limite du Béarn à
régler à l'amiable) d'autre part. On délibéra sans obtenir d'accord (3 janvier).
Le comité
ayant tenté en vain d’accélérer les conférences, il fallut que l'Assemblée
nationale intervienne directement pour imposer son arbitrage. Pendant
que les députés des Lannes, dans l’impossibilité de s’accorder avec ceux du
Marsan, s’assemblaient avec ceux de Bazas et de Tartas pour tenter de régler
les limites sud du pays de Bazas, l’Assemblée nationale décrétait le 12 janvier
que Soule, Navarre, et Labourd seraient réunies au Béarn pour constituer un
département.
Dès lors
se posait le problème de la Chalosse qui en était exclue. On proposa donc de la
rattacher au Marsan. Cela souleva les violentes protestations des députés de Dax et Saint-Sever pour lesquels « ce serait sacrifier 150 paroisses ou communautés
à l’ambition de la ville de Mont-de-Marsan qui n’a peut-être pas 3000 âmes de
population » alors que la Chalosse « s’étend depuis la ville d’Aire
jusqu’à St-Esprit-lès-Bayonne et comprend environ 250 communautés et une
population d’à peu près 100 000 âmes». Pour
ceux du Marsan, au contraire,les difficultés venaient de « l‘intraitable ambition d'une
seule ville (Saint-Sever ? Dax ?), dont les prétentions désespérantes
pour le pays des Lannes forment l'unique obstacle à une satisfaction universelle ».De fait, Marsan et Chalosse faisaient preuve d'une aversion réciproque. En outre, leurs intérêts étaient opposés également à ceux des habitants des Landes.
Les représentants de Dax avaient songé plutôt à s'unir à Bayonne
pour former un département de l'Adour ou Chalosse. Les députés du Marsan, bien qu'hostiles à une union avec tout le pays des Landes, étaient favorables à l’examen d'un projet de département intermédiaire entre
Bordeaux et Agen, pour être sûrs d'en obtenir le chef lieu.
Pourtant,
le député montois Dufau finit par se rallier à cette association, dans le but de préserver les chances de sa ville pour la détermination du chef-lieu. Il
l’imposa aux représentants municipaux toujours réticents.
Par loi et décret du 15 janvier 1790, L'Assemblée constituante décida qu'il y aurait 64 départements et que la Guyenne (Bordelais, Bazadais, Agenais, Condomois, Armagnac, Chalosse, Pays de Marsan, et Landes) devraient en former quatre.
Les longues discussions achoppaient toujours sur la division des Grandes Landes.
L’Assemblée s’impatienta, et c’est finalement la création d'un département des Landes (Marsan compris) et de Chalosse réunies qui fut imposée, sauf aux députés intéressés à se concerter avec le Comité de constitution pour une délimitation exacte et la composition des districts, cantons et communes.
Par loi et décret du 15 janvier 1790, L'Assemblée constituante décida qu'il y aurait 64 départements et que la Guyenne (Bordelais, Bazadais, Agenais, Condomois, Armagnac, Chalosse, Pays de Marsan, et Landes) devraient en former quatre.
Les longues discussions achoppaient toujours sur la division des Grandes Landes.
L’Assemblée s’impatienta, et c’est finalement la création d'un département des Landes (Marsan compris) et de Chalosse réunies qui fut imposée, sauf aux députés intéressés à se concerter avec le Comité de constitution pour une délimitation exacte et la composition des districts, cantons et communes.
Décret du 9 Février
1790.
Département de la
Chalosse et du Marsan.
L'assemblée Nationale décrète, d'après l'avis du comité
de constitution, que, dans le jour, les députés de la Chalosse et du Marsan
présenteront au comité, la division de ce département en districts ; sinon les
commissaires sont autorisés à le diviser, et à proposer de décréter demain à
neuf heures du matin, les districts, leurs chefs-lieux, & celui du
département.
La détermination des limites du
département, et les districts
Le travail de division du pays enfin
achevé, et la création du département
des Landes et Chalosse actée, il restait
à en préciser certaines limites territoriales et éviter les tentatives de
modifications. Le baron de Batz évoquait encore, en vain, une déclaration des
députés demandant que les Landes seules forment un département et donc que la
sénéchaussée de Saint-Sever en soit distraite pour être réunie au Béarn.
Aussi, pour délimiter le nouveau
département, on eut soin de conserver autant que possible les anciennes entités
politiques, judiciaires, ou ecclésiastiques (Pays d'Etat, élections,
sénéchaussées, évêchés, archiprêtrés), en évitant les démarcations qui auraient
trop contrarié les anciennes habitudes, convenances, ou rapport commerciaux,
judiciaires, ou sociaux
Cela se fit donc à partir des emprises
des sénéchaussées, à savoir :
Les sénéchaussées secondaires
issues de la grande sénéchaussée des
Lannes.
- La
sénéchaussée de Dax. Elle comprenait Dax et les paroisses proches au nord de
l'Adour, au sud jusqu'à Saint-Esprit, faubourg de Bayonne, une partie de la
Chalosse occidentale, et le Pays d'Orthe.
- La
sénéchaussée de Saint-Sever. Elle comprenant la Chalosse centrale et le Tursan,
et quelques enclaves en Armagnac et dans l’ancienne vicomté de Belhade
On en
détacha la sénéchaussée secondaires de Bayonne et du Labourd, ainsi qu'une
vingtaine de localités situées sur la limite de la Chalosse, comme Bonnut,
Arzacq, Arraziguet, Sault-de-Navailles et même Bidache, qui furent incorporées
au Béarn et la nouvelle circonscription
administrative des Basses Pyrénées.
Lannes - les sénéchaussées secondaires de Saint-Sever, Dax, et Bayonne
(d'après la carte de Classun 1638 -BNF-)
La sénéchaussée de Tartas, issue
du domaine d'Albret.
Elle comprenait
une grande partie des Grandes Landes jusqu'à la cote à l'est et l'Adour au sud
(Brassenx, Marensin, Maremne, Seignanx, Gosse).
Le pays de
Born en dépendait.
Le proche pays
de Buch fut rattaché à la Gironde, contrairement à ce qu'avait prévu le premier
projet de division de L'Assemblée, et la paroisse isolée de Maillas qui dépendait pourtant de la
sénéchaussée de Bazas fut rattachée aux Landes.
la sénéchaussée de Tartas (BNF)
La sénéchaussée du Marsan, issue
des anciennes vicomtés de Marsan et de Gabardan.
la sénéchaussée de Marsan ( d'après une carte de J.M Fritz Bull Borda 2000)
Le 11 mars 1790 lés députés intéressés
procédèrent à "la démarcation et fixation des limites du département d'après
les conventions précédemment faites avec les députés des département du Bordelais,
de l’Agenais, de l'Armagnac, et du Béarn". Ils produisirent alors un
tableau énonciatif des limites du département, par la liste des lieux appelés à
se trouver en bordure intérieure, et ceux en bordure extérieure, entre lesquels
passait la ligne séparatrice. Ces limites furent figurées sur une carte
topographique, d'après les planches de la carte géométrique de la France de
François Cassini, dite Carte de l’Académie, qui constituait le meilleur
document cartographique de l'époque.
Les paroisses, transformées en
communes, figurant la limite extérieure du département furent ainsi déterminées
- Touchant le département de
Bordeaux :
Sanguinet-Le
Muret-Biganon-Argelouse-Sore
Callen-Luxey-L'Hopital-Retjons-Bourriot-Bergonce-Maillas.
- Touchant au département de
l'Agenais:
Losse-Lubbon-Arx-
Baudiets et Rimbez-Saint Pierre du Broca(?)-Saint Martin le Vieux-Sainte
Meille- Escalans-Esperoux
- Touchant à l'Armagnac:
Sarran-Bouau-Mauras-leMura-Laballe-Saint-Cricq-Gabarret-Lagrange-Mauvezin-Betbezer-Argelouse-Saubouère-Saint-Justin-Gahuzat-LeFreche-Saint-Etienne-Saint-Vidou-Eyrès-Montegut-Gaube-Bourdalat-Loubens-Saint-Michel-Lussagnet-Subéhargues-Aire-LeMas-Latrille-Saint-Agnet-
- Touchant au Béarn:
Sarron-Sensacq-Pimbo-Arblech-Philondenx-C....?-Beyries-Bonnegarde-Arsague-Tilh-Ossages-Saint-Cricq-Sorde-Hastingues-Saint-Jean-d'Ichart-Saint-Esprit-les-Bayonne
Deuxième plus vaste département
de France, il contenait 1 801 097 arpents.... dont 1 278 020 de terres incultes
!
Les districts et cantons
Le nouveau département fut finalement divisé en quatre districts évoquant les anciennes sénéchaussées, et dont les chefs lieux furent fixés à Mont de Marsan, Saint-Sever, Tartas et Dax. Le député Moriet de Flory demanda en vain la création de deux districts dans le pays de Marsan dont l'un serait établi à Villeneuve.
le nouveau département
Puis on détermina les 25 cantons
et les 385 communes dont les limites se juxtaposèrent presque toujours avec
celles d’une ou de plusieurs des 428 paroisses de l'Ancien Régime. Il en
existait 99 en Marsan et Gabardan, 337 dans les Lannes (dont 28 furent
rattachées au département des Basses Pyrénées) 13 dans le Born, et 7 à
l’extrême nord du département.
On essaya également de faire
coïncider les cantons avec les unités naturelles ou les anciennes limites
historiques. Parfois aussi, on dut regrouper arbitrairement les communes les
plus éloignées par rapport à la position du chef-lieu.
C est ainsi que le procès-verbal
de la division du département en districts et cantons du 11 mars 1790
définit :
Le District de Mont-de-Marsan,
comprenant 6 cantons:
Mont-de-Marsan,
Villeneuve, Roquefort, Saint-Justin, Gabarret,
Bascons.
Le District de Tartas, comprenant
6 cantons:
Tartas, Poyanne,
Pissos, Parentis, Sabres, Arjuzanx.
Le District de Dax, comprenant 6
cantons:
Dax, Castets, Peyrehorade,
Pouillon, Montfort, Saint-Esprit.
Le District de Saint-Sever,
comprenant 7 cantons:
Saint-Sever, Grenade,
Aire, Geaune, Hagetmau, Amou, Mugron.
_________________________________________________________________________________
En 1801 les cantons de Saint-Justin, et Poyanne seront supprimés, celui de Tartas dédoublé, et seront crées les cantons de Labrit, Mimizan, Sore, Saint-Vincent de Tyrosse, et Soustons. Puis, en 1973 les cantons de Dax et Mont-de-Marsan seront dédoublés.
En 1850 la commune de Labastide-d’Armagnac primitivement attribuée au
Gers en est détachée pour être rattachée aux Landes
En 1857 la commune de Saint-Esprit est détachée des Landes pour être
rattachée au département des Basses-Pyrénées, entraînant le transfert du chef
lieu de canton à Saint-Martin-de-Seignanx en 1858.
En 1861 création de la commune d'Eugénie les Bains, entrainant la
disparitions des communes d'Esperons et de Damoulens.
En 1863 est crée la nouvelle commune de Solferino, par la
transformation du domaine impérial créé en 1857, et le démembrement partiel des
communes de Commensacq, Escource, Lüe, Labouheyre, Morcenx, Onesse et Sabres.
En 1888 le chef- lieu de canton d’Arjuzanx est transféré à Morcenx.
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La bataille pour la détermination du chef-lieu
Le Département enfin délimité, la
fixation du chef lieu fut laissée à la décision de l'assemblée départementale.
Pour l'exécution des décrets de
l’Assemblée nationale, on avait nommé des commissaires royaux spéciaux pour
trancher sur place les difficultés nées de leur interprétation, et arbitrer les
contentieux locaux nés des arbitrages effectués. Ce furent Philibert de Cahuzac de Caux,
évêque d’Aire, Jean-Jacques de Mesmes, sénéchal du Marsan, Pierre François
Salvat de Neurisse, baron de Laluque, lieutenant général du sénéchal de Dax, et
le marquis de Caupenne d'Amou, gouverneur militaire de Bayonne. Mais ceux-ci se
heurtèrent très vite aux difficultés nées de la rivalité des villes de
Mont-de-Marsan, Dax et Saint-Sever.
On avait créé dans chaque sénéchaussée un comité local de correspondance avec les députés siègeant à l’Assemblée. Ainsi, à Dax, ce furent, pour le clergé, le chanoine de la cathédrale Vignau, et le prébendier Louis-Samson Badbedat, pour la noblesse Ducros et Bachelier, et pour le tiers-état, Dousse, Roger-Ducos, Ramonbordes et Plantier. Il en fut de même à Tartas et à Mont-de-Marsan.
N’ayant pas de député au comité de constitution, Dax ne se retrouva représenté auprès de l’Assemblée nationale que par une délégation municipale désigné par la ville pour surveiller les opérations des représentants à l’Assemblée et pour soutenir ses prétentions à devenir le chef lieu du département. Dirigée par l'avocat Martin Ramonbordes, elle se trouva opposée à la détermination et l’habileté du député montois Dufau..
On avait créé dans chaque sénéchaussée un comité local de correspondance avec les députés siègeant à l’Assemblée. Ainsi, à Dax, ce furent, pour le clergé, le chanoine de la cathédrale Vignau, et le prébendier Louis-Samson Badbedat, pour la noblesse Ducros et Bachelier, et pour le tiers-état, Dousse, Roger-Ducos, Ramonbordes et Plantier. Il en fut de même à Tartas et à Mont-de-Marsan.
N’ayant pas de député au comité de constitution, Dax ne se retrouva représenté auprès de l’Assemblée nationale que par une délégation municipale désigné par la ville pour surveiller les opérations des représentants à l’Assemblée et pour soutenir ses prétentions à devenir le chef lieu du département. Dirigée par l'avocat Martin Ramonbordes, elle se trouva opposée à la détermination et l’habileté du député montois Dufau..
Pour revendiquer le chef-lieu,
les députés de Marsan arguaient, avec raison, que leur ville était la plus
centrale du département. Mais le député de Dax, le comte de Barbotan,
répliquait que cette ville se trouvait dépeuplée de tous cotés, et les marchés
peu importants, alors que Dax était depuis longtemps la ville la plus considérable
des Lannes et la plus commode pour y installer le chef-lieu. On opposait Dax,
ville antique et carrefour commercial à Mont-de-Marsan, grosse bourgade au
petit et plus récent passé historique.(A l'époque, les anciennes villes de Dax et Aire, et surtout Saint-Sever, étaient plus peuplées que Mont-de-Marsan)
_____________________________
Or il
semble que tout se joua lors d’une réunion des députés de la basse Guyenne
conviée au soir du 12 janvier 1790, au cours de laquelle les représentants du
Marsan mirent à l’ordre du jour la discussion du projet qui leur attribuait un
département rattachant les sénéchaussées de Dax, Saint-Sever (Chalosse), et
Tartas (Albret) au Marsan (et Gabardan). Cette réunion se tint en l’absence
des membres du comité de constitution, mais le député Dufau oeuvra pour
coaliser avec lui les représentants de toute la Guyenne qui s’y rendirent en
grand nombre, soit une cinquantaine, contre huit représentants pour la Chalosse
et Bazas. On créa un président, M. Lavie, député de Bordeaux. La discussion se
prolongea dans la nuit. Pour en finir, et malgré les protestations du député de
Dax, Basquiat, et contrairement au règlement, on mit l’affaire aux voix par
tête. Les députés des Lannes sortirent. L’affaire fut entendue, et le projet du
député Dufau adopté par surprise au petit matin.
Batbedat
qui avait alors son séjour habituel à Paris fut accusé de n’avoir rien fait
pour empêcher la désignation de Mont-de-Marsan, ou du moins, en agissant sur
les députés, amener l’Assemblée à revenir sur cette décision. A son retour, ce
fougueux révolutionnaire déjà en conflit avec le clergé local, et soupçonné d’avoir
pactisé avec le député montois, le fut avec la municipalité, si bien que les
polémiques qui suivirent l’amenèrent à prendre la fuite.
A son
retour à Dax, son ami Ramonbordes qui avait été envoyé à Paris le 7 décembre
pour défendre les intérêts de sa ville, fut l'objet d'une telle réprobation
populaire qu'on lui refusa même le remboursement de ses frais de voyage et
séjour.
On criait
à leur trahison. Des pamphlets coururent. On raconta même que le représentant
de Dax qui aurait pu soutenir sa ville, était tout bonnement « au bordel », rue
Saint-Luc, à Paris, au moment du vote.
_________________________________
.
Face à la colère des représentants de Dax, et pour éviter ou solutionner les « querelles de clochers", on proposa que tous les électeurs s'assemblent pour la première fois à Tartas, ou une autre ville neutre, et qu'ils délibèrent pour décider si le chef lieu devait être à Mont-de-Marsan, à Dax, ou ailleurs, ou s'il fallait un alternat. Bien sûr, Basquiat demanda que la première assemblée se tienne à Dax, sauf à délibérer ensuite s'il était plus avantageux d'alterner avec quelque autre ville ou choisir une ville plus convenable.
Mais l’Assemblée
nationale confirma en séance du 15 février que l'assemblée du département des
Landes et Chalosse réunies se tiendrait provisoirement à Mont-de-Marsan. Elle
accorda aussi que les électeurs pourraient ensuite décider d'un alternat,
s'ils le jugeaient convenable aux intérêts du département.
Décret du 15
Février 1790.
Département des
Landes et Chalosse.
1°. L'assemblée
nationale décrète que l'assemblée du département des Landes et Chalosse
réunies, se tiendra provisoirement à Mont-de-Marsan ; que les électeurs
proposeront un alternat, s'ils le jugent convenable aux intérêts du
département.
2°. Que ce
département est divisé en quatre districts, dont les chefs-lieux sont
Mont-de-Marsan, Saint-Sever, Tartas, Dax.
S'il est établi
un tribunal dans ce département, il sera placé à Dax.
Cela ne semble pas avoir calmé les esprits puisque la querelle continua.
Lors de la séance de l'Assemblée
du 3 juillet 1790, le rapporteur exposait que la rivalité des villes était
telle que les commissaires du roi manifestaient des inquiétudes "sur le
danger que courrait la tranquillité des électeurs si la question de l'alternat
était agitée à Mont-de-Marsan, où pourrait s'être manifesté une fermentation
alarmante, où la liberté des suffrages et la sûreté personnelle de députés ne
seraient peut être pas suffisamment garanties"
Les habitants de Dax,
Saint-Sever, et des principaux lieux dépendant des districts de la Chalosse
réunis à ceux des Landes de Bordeaux montraient en effet une forte résistance à
se rendre à la ville de Mont de Marsan. Antoine Dufau député du tiers-état de
Mont-de-Marsan protestait de la bonne foi de sa ville, et son collègue Mauriet
de Flory prétendait même que les commissaires du roi s’étaient coalisés avec
les villes de Dax et de Saint-Sever. Pour eux, une révocation du décret qui fixait à Mont-de-Marsan
la réunion de l’assemblée du département susciterait d’autres inconvénients
tout aussi graves.
Devant ce dilemme, l'Assemblée
renvoya l'affaire aux « comités réunis des rapports et de constitution ».
Le problème revenu à l'ordre du jour le 5 août, il fut décidé que la première réunion
de l'assemblée du département se tiendrait à Mont-de-Marsan, et qu'après avoir
formé et organisé les corps administratifs, les électeurs se retireraient à
Tartas pour y délibérer sur l'opportunité de l'instauration d'un alternat, et
qu'en tout état de cause cet alternat ne pourrait avoir lieu qu'entre Mont-de-Marsan et un seule autre ville du
département.
En compensation, on accorda à Dax le siège du futur tribunal criminel départemental. Attribué définitivement par décret du 11 février 1791, il y siégea jusqu’en 1811, date de la création de la Cour d’assises installée à Mont-de-Marsan. La cité reçut également la promesse de garder le siège de l’évêché, qui sera confirmée par un décret du 12 juillet 1790.
Les résultats sont ratifiés par
lettres patentes royales du 4 mars 1790 dans lesquelles le département est
nommé LANDES.
Le Conseil de département se réunit pour la première fois
le 5 octobre 1790 à Mont-de-Marsan, sous la présidence de Jean Lacoste, dans
les bâtiments du collège des Barnabites. Ce conseil ne siégeant qu'une fois par
an, l’alternance envisagée n'eut jamais lieu puisque la possibilité des
alternats fut abandonnée dès septembre de l’année suivante en raison de la
difficulté de leur mise en œuvre. Le chef-lieu des Landes restait à
Mont-de-Marsan. Les conseils de département furent supprimés en
1795 puis rétablis en 1800 sous le nom de conseils généraux.
bâtiment des Barnabites
Pour connaître le détail des
péripéties de l’affrontement des représentants de Dax et de Mont-de-Marsan (qui a longtemps
laissé des traces !) il faut se reporter à
- Autour de
l'ancien Marsan : actes du colloque de Mont-de-Marsan, 5 novembre 1994 / textes
réunis et présentés par Michel Papy -Mont-de-Marsan : Éd. interuniversitaires,
1997
- Marcel.
Gouron - La formation historique et politique du département des Landes - dans
le IXe congres d’histoire et d’archéologie tenu à Dax du 26 au 29 juillet 1926.
______________________________________________________________________________________
Les députés des sénéchaussées des Landes
aux Etats généraux et à l'Assemblée
nationale en 1790
lors de la formation du département
lors de la formation du département
les députés Dufau, Basquiat-Mugriet, et Larreyre
- François-Joseph
de Lasalle, marquis de Roquefort, maréchal de camp en retraite, pour la
sénéchaussée de Marsan.
- Clair-Joseph
Carritz, comte de Barbotan, gersois, pour la sénéchaussée des Lannes (Dax).Agé de 75 ans, il sera condamné à Paris
par le Tribunal révolutionnaire et guillotiné le 31 mars 1794.
La noblesse de la sénéchaussée de Tartas ne
fut pas représentée. Le comte d'Artois, frère du roi, élu en tant que
descendant d'Henri d'Albret, refusa la députation, le baron Jean de Batz,
également élu dans la sénéchaussée de Nérac, opta pour celle-ci, et son père,
suppléant , ne sollicita pas son admission aux États généraux.
Trois pour le clergé, qui eurent,
on les comprend, un rôle très effacé
- Simon Laporterie,
curé de Lencouacq, pour la sénéchaussée de Marsan
- Jean Lanusse,
curé de Saint-Étienne et du Bourg-Saint-Esprit, pour la sénéchaussée de Tartas.
Il meurt à Paris en juin 1790.
- Jean Goze, curé
de Gaas, pour la sénéchaussée des Lannes (Dax).
Six pour le Tiers-Etat
- Alexis de Basquiat-Mugriet,
lieutenant-général, pour la sénéchaussée des Lannes (Dax et Saint-Sever)
- Pierre-Joseph
Lamarque, procureur du roi à Saint-Sever, pour la sénéchaussée des Lannes (Dax
et Saint-Sever)
- Antoine-Jean
Dufau, médecin, pour la sénéchaussée de Marsan
- Jean Mauriet
de Flory, avocat, pour la sénéchaussée de Marsan
- Bertrand Castaignède, notaire
royal et juge de Labouheyre, demeurant à Commensacq, pour la sénéchaussée de
Tartas.
-
Jean-Baptiste Larreyre, avocat, conseiller du roi au sénéchal de Tartas, pour
la sénéchaussée de Tartas.
les députés Mauriet d Flory et Lamarque
Il est honnête
de préciser que ces premiers députés landais eurent un rôle très modeste aux
Etats généraux et à la première Assemblée nationale. Effacés, ils ne laissèrent
pas de trace notable dans l’histoire révolutionnaire … pas plus que leurs
successeurs à l’Assemblée législative en 1791.
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