Roquefort (Roca fortis - Roca hort en gascon ) n'est rien moins que le berceau et la résidence des premiers vicomtes de Marsan , dépendant du duché de Gascogne, avant que ne soit fondée la ville de Mont de Marsan au début du XIIe siècle.
vrac des vestiges du passé
Le site originel de Roquefort se situe à la confluence des rivières de l'Estampon et de la Doulouze formant la Douze, et dominé par un éperon rocheux taillé à pic, haut d'une dizaine de mètres. C'est sur ce site défensif que, dès le Xe siècle dit-on, les premiers vicomtes de Marsan firent édifier un castrum, le château primitif, fortifié et isolé par un fossé, et dont il ne reste plus de trace. C'est autour de ce castrum berceau de la vicomté, attesté en 1198, qu'un premier groupement très restreint a pu s'établir, protégé par une première enceinte au cours du XIIe s.
A l'emplacement de ce château dit de Marsan, édifié entre 1108 et 1188,se trouve encore aujourd'hui la tour dite de Pène-Cadet commandant les vestiges du moulin seigneurial... et bien sûr l'entrée d'un légendaire souterrain qui devait le relier au château. Un plan de la ville de 1757 montrait deux autres tours rondes disparues.
Tout près, se trouve un vieux pont à arche gothique unique enjambant la vallée encaissée de la Doulouze. Edifié sans doute au XIe ou XIIe siècle, on lui a attribué une origine plus lointaine lui valant le nom de pont de Charlemagne.
vue ancienne du pont médiéval, dit de Charlemagne
Une vue de 1612 montre qu'une autre tour était située sur l'autre rive, endroit nommé Darrecastel, sur le plateau escarpé en face du château de Marsan, auquel elle était reliée par un pont de bois.
Source: G. Camiade dans l'Aquitaine historique et monumentale T 2
Cette première forteresse fut abandonnée au XIIe s et réutilisée par les Bénédictins venus de Saint-Sever pour y construire un prieuré. Ruinée puis saccagée en 1570, elle fut vendue à la famille des marquis de La Salle, coseigneur de Roquefort, à la fin du XVIIe siècle.
Un deuxième château, dit le Castérat de la Doze, fut bati vers 1245, au bord de la Douze, un peu plus en amont du confluent, par Gaston VII de Béarn devenu vicomte de Marsan par mariage, et coseigneur de Roquefort.
L'existence de ces deux châteaux est attestée en 1295. D'ailleurs, Roquefort fut une co-seigneurie, sorte d'indivision entre les branches ainée et cadette des Marsan.
Aspect du bourg au début du XIXe siècle
1- le château de Marsan 2- le château de Foix
3- l'église fortifiée
plan des fortification
d'après un dessin de G. Camiade
(Aquitaine historique et monumentale)
On dit que Gaston II de Foix, dit Gaston Phoebus, séjourna dans ce second château avec sa mère Eléonore de Comminges en 1344. Il est alors devenu le château de Foix situé à l'endroit de la jonction des Grande et Petite rue du petit bourg urbain dont il était séparé par un fossé. Il n'en reste aujourd'hui que la grosse tour trapue, dite tour du Coin, accolée à une maison de la place Gaston Lasserre, et un pan de muraille qui clôture une cour attenante au bâtiment.
la Tour du Coin
Peu à peu, le bourg castral, ou castelnau, s'étendit et se développa vers le prieuré et l'église romane édifiés par les bénédictins. En 1357, Gaston Phébus, coseigneur, l'érigea en bastide dont il subsiste encore aujourd'hui des portions de murailles et des restes de tours. C'est en effet à cette époque du XIVe siècle que le bourg fut protégé par une seconde enceinte dont on retrouve aujourd'hui de nombreuses traces.
Aux pieds de l'église, face à l'Estampon, on distingue les restes d'une première enceinte, puis, plus bas, les vestiges d'un autre rempart. D'autres pans de murailles subsistent de l'autre coté . De même quelques rues anciennes comme la rue Porte le Rang et la rue de l'Estampon, les ruelles ou venelles étroites . ... et la tour du Pijorin ( place du Pijorin), sont autant de vestiges du bourg ancien.
La principale défense de la ville reste la massive et puissante église édifiée aux XIIIe et XIVe siècles sur les fondements de l'église romane, puis agrandie, exhaussée, fortifiée. Après les dégâts des guerres de religion, elle est dotée de tout un système défensif sur ses parties hautes avec sa tour carrée qui lui donne un caractère de forteresse. Elle est classée Monument historique depuis 1996 et restaurée.( à noter, son beau portail gothique flamboyant du XVe siècle).
le portail gothique de l'église
Dans la cour de l’église se trouve une charmante petite chapelle datant du XVe ou XVIe siècle.
Relais important sur la voie de Vezelay vers Compostelle, Roquefort accueillit de nombreux ordres monastiques . Un prieuré des Bénédictins était dans la Petite rue ( rue Hubert Croharé).Du petit monastère des Clarisses installé dans la maison Cambéry de la Grande rue en 1657 (rue Alphonse Castaing), il ne reste que quelques vestiges, et rien du prieuré et hôpital des Antonins aidant les pèlerins, ou du couvent des Cordeliers.
Après la Fronde et la résistance des troupes du prince de Condé commandée par le célèbre colonel Balthazar puis la prise de la ville protestante par les troupes royales en 1653, Louis XIV ordonna le démantèlement du château et des fortifications, notamment les cinq portes de la ville. On peut voir les restes de la porte Castaing et son fortin. A l'intérieur de la muraille une tour de guet défendait le passage. Un souterrain et une poterne étaient dissimulés dans une douve sèche dont on peut apercevoir l'escarpe et la contre escarpe.
vues anciennes du vieux Roquefort
Le vieux bourg aujourd'hui ( source Google Earth)
extrait de la carte Trudaine 1757
blasons des vicomtes de Marsan, et de Roquefort
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Or les deux filles du roi de Castille étaient réfugiées à Bayonne à la suite des déconvenues et la mort tragique de leur père tué en 1369 par Henri de Trastamare, prétendant au trône.
Ce fut l'occasion pour le duc de Lancastre de " réconforter et conseiller pucelettes" "toutes égarées' et "dont on pouvait avoir grand pitié" (Froissart),tout en faisant un grand mariage.
Il fit donc appareiller quelques chevaliers pour aller quérir les demoiselles.
"Quand il sceut et entendi que elles venoient, et ala encontre elles en grand aroy"
" Assès tost apriés espousa li dus de Lancastre l'ainnée madame Constans en ung vilaige dalles Bourdiaux, où il y a un grant manoir dou seigneur, que on appelle Rocefort, et là eut grant feste et grant solennité des barons et des chevaliers, des dammes et des damoiselles doi pays, et durèrent les noches et les festes bien XII jours".
FROISSART Chroniques Tome VIII
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C'est à Roquefort que le 21 septembre 1371 Jean de Gand, duc de Lancastre, troisième fils du roi Edouard III d'Angleterre, et futur duc d'Aquitaine, épousa en secondes noces Constance de Castille (17 a) fille de Pierre Ier de Castille dit « le Cruel » .
En ce temps, le duc de Lancastre était à Bordeaux, avec près de lui plusieurs barons et chevaliers Aquitains ( dont Bernadet de Labreth et li sires de Poyanne selon Froissart)
Or les deux filles du roi de Castille étaient réfugiées à Bayonne à la suite des déconvenues et la mort tragique de leur père tué en 1369 par Henri de Trastamare, prétendant au trône.
Ce fut l'occasion pour le duc de Lancastre de " réconforter et conseiller pucelettes" "toutes égarées' et "dont on pouvait avoir grand pitié" (Froissart),tout en faisant un grand mariage.
Il fit donc appareiller quelques chevaliers pour aller quérir les demoiselles.
"Quand il sceut et entendi que elles venoient, et ala encontre elles en grand aroy"
" Assès tost apriés espousa li dus de Lancastre l'ainnée madame Constans en ung vilaige dalles Bourdiaux, où il y a un grant manoir dou seigneur, que on appelle Rocefort, et là eut grant feste et grant solennité des barons et des chevaliers, des dammes et des damoiselles doi pays, et durèrent les noches et les festes bien XII jours".
FROISSART Chroniques Tome VIII
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