Capbreton qui, outre ses plages
et la gracieuse silhouette de son « Estacade », abrite aujourd’hui le
seul port de plaisance des Landes ouvert sur l’Océan, est bien né de l’Adour.
En effet, dans son parcours des
Pyrénées au Golfe de Gascogne, le fleuve,
après avoir longé la ville de Bayonne, déviait autrefois sa course pour remonter
vers le nord, le long de la cote, sur les territoires de Ondres et Labenne, cherchant
sa voie vers l’Océan en louvoyant dans la plaine sablonneuse au gré des
courants.
Il est
établi que la première embouchure historique connue se situa longtemps à
Capbreton (Capeurtoun, puis Capberton et Capertoun – soit petit cap, et
rien de breton .. pourquoi pas Capertown !). Elle remonterait à l’époque
glaciaire, et certains auteurs ont évoqué par la suite plusieurs bras, voire un
delta, dont les divers étangs landais actuels seraient les témoins.
Dans son étude des
côtes de France à l'époque gallo-romaine, à partir des cartes de Ptolémée, E. Derancourt précisait en 1935 que
l'embouchure de l'Aturus se
situait alors 1 800 m à l'intérieur des terres actuelles, et à 1 500 m environ
au sud de Capbreton, presque en face du Gouf .
Les plus anciens écrits des XIIe
et XIIIe s attestent qu l'embouchure unique se trouvait toujours à la Pointe des Gahets, et
était désignée comme le Boucau de la Pointe ( plus tard Boucaou di Diou selon
l’Atlas de France en 1617). L’Adour ne se jetait pas directement à l’océan
mais se poursuivait vers le nord contre les dunes jusqu’à l’étang d’Hossegor
qui constituait la rade, puis revenait s’épancher entre le quartier de Bouret
et la Pointe (extrémité d’une étroite bande de terre entre l’océan et le fleuve,
puis hameau indépendant de Capbreton)
Un
port s’y établit. Outre sa rade protégée,
l’accès en était facilité par la
présence du fameux et encore mystérieux Gouf situé au large et au droit de
l’embouchure de l’Adour. Cette profonde
et longue fosse sous marine, qui reste une énigme géologique, fut très tôt
connue des marins. La houle n’y déferlant
pas, l’océan y est en effet plus calme par gros temps.
.
C’est d ailleurs à cet
endroit qu’aux IXe et Xe siècles les
Normands avaient pénétré dans la Gascogne.
Placé sur la voie littorale vers
Compostelle, dite de Soulac ou Camin Roumiou (issue elle-même d’une voie
romaine), Capbreton fut aussi un port pour les pèlerins se rendant en Galice
par la mer, évitant ainsi les difficultés et l’insécurité de la traversée des
provinces basques. Il y avait là, dès le
XIIe siècle, un hôpital, une chapelle et une commanderie des Templiers puis des
hospitaliers de Malte.
L’essor naquit enfin de la
domination des Plantagenets sur le duché d’Aquitaine, l’Angleterre étant devenue
un important débouché pour la marine et le commerce. C’est à Capbreton qu’
Edouard III rencontra en 1366 Don Pedro le roi de Castille détrôné, exilé en
Galice, alors en route de Bayonne à Bordeaux
Ce port fut suffisamment important jusqu’au
XVe siècle pour
que Charles VII déclare en 1437: «… Si je n’ai le boucault de Capbreton
et Calais, autant vauldrait pour moi n’avoir rien sur l’océan !… »
le port actuel de Capbreton
II –L’ADOUR VAGABOND S’ETABLIT A PORT D’ALBRET
Hélas, au début du XIVe siècle,
un évènement climatique bouleversa le destin de Capbreton. Il est admis que cet
évènement eu lieu entre 1307 et 1312 (mais selon d’autres auteurs il doit être
placé plus tard, jusqu’au début du XVe siècle, entre 1360 et 1437) A la suite d’un
cataclysme ou plus sûrement de tempêtes et de pluies diluviennes, l’Adour
impétueux gonflé de sables et d’alluvions finit par obstruer l’embouchure
primitive avant d’ouvrir par la force de ses eaux une nouvelle brèche à seize
kilomètres plus au nord, sur la commune
de Messanges, au lieu dit du Pleicq ou
Plech (tirant son nom - tournant-coude -
de sa situation à l’angle que le chenal des lacs de Soustons et de Pinsolle
décrivait avant de se jeter à la mer). Ainsi naquit le nouveau Boucau (bouche, embouchure) auquel
fut attribué le nom de Port d’Albret. (qui devint Vieux Boucau après 1578).
Il creusa là la rade de l’étang
de Moïsan et le Pey de l’Ancre, entre Vieux-Boucau et Moisan
(Moïsan vient du nom d’un navire
resté à sec et abandonné en 1578 dans la partie nord-ouest de la rade de
Port-d’Albret lors du détournement de l’Adour au profit de Bayonne)
Vieux-Boucau actuel
Après que Capbreton eut accueilli
les premières flottes anglaises au XIIIe siècle,
c’est par ce vieux boucau que pénétra
la flotte de l’armée d’Henri de Lancastre venue avec ses 500 chevaliers et 2000
archers réduire Bordeaux,
le Périgord et l’Agenais en 1345. Plus tard, ce fut en ce même lieu qu’entrèrent les flottes espagnoles venues assiéger
Bayonne à plusieurs reprises et que, vers 1549, 25 ou 30 galions armés prirent
terre pour courir le pays
extrait de la carte de la Coste de Gascogne en 1653
Le
témoignage du passage de l'Adour le long de la cote landaise est conservé par
les anciennes cartes des XVIIe et XVIIIe siècles. Elles montrent le chapelet de
lacs qui suit l’ancien lit du fleuve, qu’on voit également tracé sur une carte de 1778 conservée à la
Bibliothèque de Bayonne. Enfin, la carte de Cassini, réalisée à partir de
relevés sur le terrain effectués entre 1768 et 1771, signale elle aussi le tracé de l'ancien lit.
Le lac
d'Hossegor, apparu vers 1630-1660, et celui de Moïsan, en sont les vestiges
actuels, tout comme une partie du cours du Boudigau, depuis canalisé.
III - LES MARINS DE CAPBRETON
En perdant l’embouchure de
l’Adour, Capbreton perdait le principe même de son existence, tout au moins de
son commerce et de sa richesse. Son développement se poursuivit cependant jusqu
en 1578, avant de conserver, pendant un demi siècle de plus, une réelle
activité maritime par l’embouchure du Port-d’Albret devenue avant-port de
Bayonne. On y radoubait et réparait toujours les vaisseaux, et on y achevait par
prudence le chargement des bateaux à fort tonnage commencé à Bayonne
L’ancien lit maintenu par la marée,
on tenta bien de rouvrir l’ancienne embouchure. Ainsi, Charles VIII ordonnait
en 1494 que « le havre ou boucault de Baionne serait faict au lieu du
Gouf ». Mais l’argent manqua. L’idée fut reprise par Louis XII en 1500,
mais les travaux restèrent inachevés.
Avant de péricliter après 1630,
le port vécut en grande partie de la pêche pendant trois siècles après le détournement
de l’Adour. Capbreton fut en effet un haut lieu de la chasse à la baleine
jusqu’au début du XVIe siècle, d’abord près des côtes du Golfe de Gascogne puis
en Islande, avant que ses intrépides marins ne s’aventurent sur les côtes du
Canada et être parmi les premiers à fréquenter le banc de Terre Neuve, puis
être à l’origine de la pêche et l’exploitation de la morue séchée. D’ailleurs, une île qui fut colonie française
y porte de nom de Capbreton, avec une baie de Gabarrus, nom d’un capitaine et
d’une famille fixée à Capbreton vers 1680.
Terre-Neuvas et morutiers
Au temps de son apogée des XVe et
XVIe siècles, le port et la ville tiraient leur prospérité des pêches
lointaines et du commerce ou grand cabotage vers l’Espagne et le Portugal, puis
les Flandres et la Hollande. On y exportait sur les galions les produits de la
forêt (planches de pins, poix, résine, brai, liège), le miel, la cire … mais aussi les renommés vins du Marensin réputés
excellents et appréciés par les Anglais (« vins de sable », issus de
vignes implantées dans les dunes).
En 1575 les comptes montrent
que Capbreton possédait 46
bâtiments (14 navires longs courriers,
baleiniers et terre-neuviens - 2 petits navires - 19 galions - 9 chaloupes - 2
pataches) non compris les navires au long cours et les bateaux de pêche locale.
Il y en avait encore 40 en 1597. Parmi les terre-neuviers, au milieu du XVIe
siècle, Le Saint Esprit (100 tonneaux), La Marie (70 tonneaux),
Alors « Ville aux cent
capitaines » (1698), Capbreton
était peuplé de marins, mariniers, armateurs et négociants, et de
charpentiers de marine (la corporation des charpentiers de marine de Bayonne
s’y établit au début du XVIe siècle, et une communauté de cagots à La Pointe). En
1581 on y compte 17 armateurs pour Terre Neuve et environ 340 pêcheurs de
morue. (Une importante flottille sardinière existait encore au début su XXe
siècle)
Une tour « en fason de
pillier »au lieudit Pey de la Tour, et la haute tourelle de l’église
guidaient les marins. Ce qui n’empêcha pas de nombreux naufrages comme celui de
janvier 1627 lorsque deux grandes caraques portugaises de 2000 tonneaux,
revenant chargées de précieuses productions des Indes orientales (Goa), et les
six galions qui les escortaient, firent naufrage. La perte fut estimée à une
valeur de plus de cinq millions d'or, plus les vaisseaux, canons, armes et
hommes Le duc d’Epernon, gouverneur de Guyenne, s’empara, en vertu du droit de
bris, des vaisseaux échoués et de leur cargaison Richelieu réclama ces épaves, également
revendiquées par le roi d Espagne.
De nombreux marins périrent,
comme ces onze espagnols le 25 janvier 1867, lorsque leur lanche de pêche,
l’Eloïsa, sombra devant Capbreton. On
peut encore voir sur les murs du porche et de la nef de l’église les noms de
nombreux marins natifs du lieu qui ont péri en mer, souvent bien loin des
Landes.
Les marins de Capbreton s’illustrèrent également en temps de
troubles et de guerre au service de la
marine royale.
Issus de la police des mers protégeant
les baleiniers et morutiers, les corsaires de Capbreton prirent une part
brillante à toutes les guerres de François 1er et Henri II avec leurs voisins
basques contre les espagnols et portugais, jusqu’aux Indes ou aux Antilles.
Parmi eux, un certain Menjouyn de La Cabanne fut un des premiers flibustiers
français répertoriés de la Caraïbe en 1549 (on l’y voit combattre avec succès neuf navires espagnols
devant Saint-Domingue), avant d’obtenir en 1552 des lettres de rémission
d’Henri II Un autre fameux corsaire de Capbreton, Atungen Nin (?) commandant un
navire armé à Bayonne, nommé La Galère, combattit en 1573 pendant deux jours un
navire espagnol de Passagès
En 1560 Le Vieux Boucau fournissait
deux cents matelots a la marine royale, et en 1570 Capbreton envoyait six
chaloupes armées et équipées de cent cinquante
hommes pour garder la rivière de Bordeaux, y perdant trente hommes. En
1627, le port recruta vingt chaloupes armées pour aller s’opposer à la flotte
anglaise à l’île de Ré et au siège de la Rochelle
Lors du siège de Fontarabie en
1638, pendant la Guerre de Trente Ans, les capitaines Libet et Campan
s’illustrèrent sur leurs brigantins en sauvant par un audacieux coup de main,
dit-on, le prince de Condé lors de la déroute qui suivit.
Le port
de Capbreton a accueilli Henri de Navarre, futur Henri IV en 1584, lequel
assurait veiller à la conservation de son port d’Albret. Napoléon y est venu à
cheval depuis Bayonne le 13 juin 1808 pour en inspecter la défense. Napoléon
III y vint trois fois, comme en septembre 1859 lorsque son yacht l’Aigle y
débarqua..
.
Luttant pour conserver le monopole
du trafic maritime et du négoce Bayonne revendiquait la juridiction et
l’autorité sur l’Adour et ses ports et havres depuis Horgave (Bec- de-
Gave) jusqu’à l’embouchure. Par ce
privilège il s’agissait de défendre aux habitants de Capbreton de charger ou
décharger les marchandises, ou, à tout le moins les contrôler et percevoir des
taxes, et faire ainsi de Bayonne l’unique port des transports par mer et
l’unique marché de la région, en plus des droits de pêche et de rivière sur
l’Adour. Il revendiqua les mêmes droits sur
l’activité de Port d’Albret après le déplacement de l’embouchure. Les navires et vaisseaux de tout tonnage y
pouvaient manœuvrer mais Port d’Albret, sans activité commerciale, sauf
autorisations spéciales,ne fut qu’un avant port de Bayonne ou étaient
embarquées les marchandises
Jaloux de cette ville qui considérait
l’Adour comme sa propriété, et voulait demeurer maître du fleuve et de son
embouchure, Capbreton résistait en arguant de son droit immémorial de d’embarquer
ou débarquer les navires en franchise de tous droits ou redevances revendiqués par sa
voisine.
Aussi les procès et recours se
succédèrent comme celui de 1302, tranché par Edouard 1er
d’Angleterre au profit de Capbreton. Les Bayonnais finirent par obtenir gain de
cause, et en 1462 Louis XI leur accorda le droit de regard sur l’embouchure de
l’Adour avec autorisation de prélever des taxes sur toutes les marchandises
entrant dans les ports de Capbreton et Port d Albret. Louis XII confirma ces
droits en 1511 à la suite d’une succession de querelles parfois armées, de
menaces, d’expéditions, représailles, requêtes et plaintes a
u Parlement de
Bordeaux. Depuis Blois, le roi décida « qu’au lieu de Capbreton ne se
fera aucun port ni havre pour charger ni décharger, si ce n’est les
marchandises dudit Capbreton , et non d autres »
Ce
perpétuel conflit se terminait parfois à l’artillerie comme en 1557 lors d’un
accrochage entre deux galions de Capbreton et les Bayonnais qui venaient de
s’emparer de trois navires landais.
V
- LE DETOURNEMENT
Bayonne riche de son trafic
fluvial né en amont de l’Adour depuis Saint-Sever et Dax, et même Mont-de-Marsan par la Midouze, ou Peyrehorade,
voyait son activité décliner faute de débouché direct vers l’Océan. La
situation portuaire se dégradait. L’étroit exutoire qui demeurait à Capbreton
était souvent impraticable et la remontée vers Bayonne très aléatoire. Les conditions
de navigation entre Port d'Albret et Bayonne devenaient également de plus en
plus difficiles suite à l’ensablement du lit de l’Adour Le chenal vers la mer
se modifiait au gré des intempéries, si bien que les gros navires de 800 ou 900
tonneaux ne pouvaient plus y pénétrer..
Les projets de réhabilitation du
port de Capbreton ayant échoué par manque de finances et plus sûrement
obstruction, les Bayonnais proposèrent
d’établir une nouvelle embouchure au droit de leur ville.
Après plusieurs enquêtes dont une
première initiée dès 1551 par François 1er, et cédant aux réclamations des Bayonnais,
le roi Charles IX , décida le détournement de l’Adour, et permit qu’un nouveau
havre soit ouvert au lieu appelé Trossoat, à trois kilomètres de Bayonne (le
Boucau neuf) par l’édification d’une digue et le creusement
d’un chenal vers l’Océan.
Les
travaux commencèrent en 1566 par le barrage, à
l'endroit du coude où le fleuve se tournait alors à angle droit vers le Nord,
pendant qu’une tranchée était ouverte vers l’océan.
Le barrage
consistait en « une bonne charpenterie propre à supporter le fardeau de
ladite rivière », comprenant « trois rangées d'arbres équarris,
ferrés par le bout, qui seront enfoncés d'une toise en terre, ou davantage si
le sol le permet. Soixante-quinze piliers par rangée, terminés par une queue
d'aronde, pour y entrer le mâle aisément »
Mais les premiers barrages en bois s’avérèrent insuffisants
pour empêcher les eaux de suivre le cours originel du fleuve. La digue ayant rompu dut être rapidement remplacée par une
solide muraille de pierre.
Aussi,
en 1572, Charles IX confia la direction des travaux à l'ingénieur Louis de Foix,
pour la réalisation de la fermeture de la rivière sur une largeur de 150 toises
(290 mètres), et le creusement à travers les dunes d'un chenal long de 1800 mètres
(900 toises) et large de 12mètres, depuis le nord de Bayonne vers l’ouest jusqu’à
l’Océan..
Louis de Foix
s’étant rendu sur les lieux, et après devis, obtint une provision de 30 000 livres
Les travaux de
détournement, titanesques pour l’époque, s’étalèrent sous le règne d'Henri III de
1572 à 1578. Ce fut finalement, malgré des multiples difficultés et l’obstruction,
voire sabotages, des voisins landais, une violente tempête provoquant la crue
de la Nive et de l’Adour qui le 25 octobre 1578, après avoir inondé Bayonne, ouvrit
le nouveau passage du Boucau neuf.
Le détournement de
l’Adour entraîna la perte progressive mais irrémédiable des anciens accès
maritimes du fleuve vagabond, Capbreton et, plus au Nord, Port d'Albret, désormais nommé le
Vieux-Boucau,
Mais la nouvelle
embouchure ou passe de Bayonne fut très
vite menacée par la formation de bancs de sable en travers de l’estuaire, constituant
la réputée et dangereuse « barre » se reformant sans cesse à la
rencontre des eaux de l’Adour et celle de l’Atlantique
Dès la fin du XVIIe siècle, sous l'action des courants
marins, l'embouchure se déplaça même de six cents mètres vers le sud. Ainsi, en
1814, elle se situait à la Chambre d'Amour d’Anglet. De nombreux travaux
d'endiguement des deux rives furent nécessaires pour la maintenir à
l'emplacement actuel de la Barre, et encore aujourd’hui, ces travaux réguliers
de draguage et d'entretien des digues se poursuivent.
sortie océane du port de Bayonne
VI – LE REVE DU RETOUR A
CAPBRETON.
Lorsque en 1578 Louis de Foix eut créé
le nouveau port de Bayonne on ne renonça pas tout à fait à celui de Capbreton, à
la perte duquel les landais ne pouvaient se résigner. On dit que même le
célèbre Vauban jugea que Capbreton était le lieu qui se prêtait le mieux à
l’établissement d’un port sur le golfe de Gascogne. La sûreté du havre de
Capbreton opposé au danger de la Barre
de Bayonne et à l’entretien coûteux de la passe ne fit qu’exacerber
l’antagonisme séculaire, les jalousies et inimitiés qui prolongèrent les
querelles.
Les Landais conservèrent
longtemps l'espoir de retrouver le fleuve détourné et tentèrent vainement de ramener l’Adour à Capbreton, arguant que la fosse
constituait son embouchure naturelle. De fait, de 1600 à 1635, au motif de
faire écouler les eaux stagnantes qui menaçaient le village, ils ne cessèrent
de travailler au rétablissement de leur canal vers la mer, au lieu dit
Mangueneau, qu’on leur faisait combler. Mais les divers projets et études des
XVIIe et XVIIIe siècles en faveur du rétablissement du cours ancien de l’Adour et du port de Capbreton échouèrent faute
de finances. L’entrée du port, même élargie après 1650, ne laissait passer les
navires au-delà de 100 tonneaux
.
Un projet de l'Abbé Puyol, pourtant soutenu par
Napoléon III, fut abandonné. Un
« bassin de chasse » fut créé et canalisé depuis le lac
d’Hossegor pour permettre de pérenniser l'embouchure naturelle, mais d’une
largeur modeste. L’ingénieur Maignon de Roques
proposa en 1862 la construction d'un canal maritime de Boucau à Capbreton,
laissant les deux embouchures à la Barre et Capbreton. Enfin, s'appuyant sur
les deux premiers, Eugène Rodolphe proposa à son tour la construction d'un
canal de dérivation de l'Adour de Bayonne à Capbreton, long de 16 Km, situé un
peu plus à l'ouest que le tracé ancien du fleuve dans sa partie sud, et prévoyait
même de développer un petit port de guerre à Capbreton. Ces différents projets
seront tous abandonnés à la chute du second l'Empire.
Enfin,
l’ingénieur Bouquet de la Grye présenta
en 1880 un projet consistant à construire un canal des Deux Mers devant relier
Port-Vendres à Capbreton, avec établissement d’un port marchand, d’une rade
fortifiée et d’un port de guerre.
La célèbre jetée en bois de presque 200 mètres (Plusieurs
fois détruite par les tempêtes et reconstruite) qui protège l’entrée du port et
la passe du Boucarot fut décidée par Napoléon III lors de sa visite du 11
septembre 1858. Le phare (1948) et la digue nord sont plus récents
.
A LIRE
entre autres et en vrac
B. Saint-Jours - L Adour et ses embouchures anciennes (Bull.Soc. Borda 1903)
B Saint-Jours - Cap-Serbun, Labenne, et Capbreton (Bull. Soc. Borda 1918)
B Saint-Jours – Port d’Albret –L’Adour
ancien et le littoral des Landes- ed. Latrobe-Perpignan-1900
E. Pujol – L’Adour et le Gouf de
Capbreton –Bayonne-1861
R. Cuzacq – Le port et la barre
de Capbreton (dans Propos landais et bayonnais –ed. Chabas- Hossegor-1932)
J. J. Taillentou - Aperçu de
l’histoire portuaire du Vieux-Boucau (Bull. Soc. Borda 2002)
J.. Ballasque
– Etudes historiques sur la ville de Bayonne
M.
Carriere – Histoire de Capbreton. Lou Boucau dei Diou – ed. Résonnances-Tarascon- 1981
J. B.
Gabarra - L’ancien port de Capbreton (dans
la Revue maritime-Paris-1897)
N. P. Vionnois - Note sur le port
de refuge de Capbreton et sur le canal maritime de Capbreton à l’Adour,
projetés par M. Maignon de Roques (1865)
L'Adour maritime de Dax à Bayonne -: 53e
Congrès d'études régionales de la Fédération historique du Sud-Ouest, Dax et
Bayonne, 27 et 28 mai 2000 (Publication de la Maison des sciences de L’homme
d’Aquitaine-2001)
J. Grouvel - De la Nécessité d'un port sur les côtes du golfe de Gascogne pour le petit cabotage de France, et notice sur les anciens marins de Capbreton et sur l'état actuel de ce bourg- Paris- Renard-1814
Le
détournement de l’Adour est évoqué dans deux romans:
J.H. Rosny jeune Fernand Lot
La lutte pour la mer
(1931) L’homme qui vola le fleuve
(1938)
Le Gouf de
Capbreton
Le Gouf est un
profond sillon qui, à seulement 35 kms de la côte, atteint plus de 1000 mètres
avant d’accompagner la grande déclivité du plateau
continental.
Cette profondeur absorbant la puissance des vagues, il est connu depuis
longtemps des marins et des pêcheurs venant s’y réfugier pour chercher une mer moins agitée, et fait de
Capbreton un port de mouillage apprécié et à l’abri de l’ensablement. Cette profondeur proche de la côte fut également
mise en avant dans les années 1960 lorsqu’il fut question d’y installer une
base pour les sous-marins nucléaires.
De nombreuses hypothèses ont été
avancées sur son origine (ancien canyon ou vallée d’érosion de l’Adour- faille
sismique reliée au plissement pyrénéen - mouvement tectonique dû au passage de
la plaque ibérique sous le continent européen - estuaire fossile qui se serait
agrandi pendant la l’époque glaciaire - vallée formée par un bouleversement
géologique ayant provoqué la dissolution d’un immense banc de sel gemme - etc
…)