Aquae Tarbellicae, le nom antique de la ville de Dax
crée par les conquérants romains vers l’an 16 avant JC, signifie « Les
eaux des Tarbelles », en référence au peuple qui habitait déjà la région.
Boudiou ! Cà date pas d’hier, comment le sait-on
et qui étaient donc ces Tarbelles ?
Ce peuple est effectivement
cité à plusieurs reprises dans les sources antiques latines ou grecques de
l’époque impériale romaine.
Cette
dénomination proviendrait, dit-on, du radical « tarb ou tarw » puis
tarvos, qui signifierait alors petits taureaux, taurillons. (Déjà fiers ou tauromaches !)
Le témoignage le
plus ancien est celui Jules César (100 av JC- 44 av JC) qui le mentionne
dans sa Guerre des Gaules (III, 27) à l’occasion du récit de la campagne
victorieuse de Publius Crassus contre les Aquitains en 56 avant JC. Le peuple
des Tarbelles y est le premier parmi les onze ayant envoyé des otages. « Hac audita pugna, maxima pars Aquitaniae
sese Crasso dedidit obsidesque ultro misit; quo in numero fuerunt Tarbelli … »
Dans ses Elégies
(Livre I), le poète Tibulle (54 av JC- 19 av JC) cite les Pyrénées des Tarbelles comme témoins
des prouesses du proconsul Valerius Messalla à l’occasion de son triomphe à
Rome après la victoire sur les peuples révoltés d’Aquitaine, dont les Tarbelles
et leur capitale (An 27 av JC).
L’auteur grec
Strabon (60 av JC –20) mentionne dans
sa Géographie (Livre IV) que les Tarbelles qui occupaient les bords du golfe
d’Aquitaine avaient dans leur territoire « les mines d’or les plus
importantes qu’il y ait en Gaule » dont le torque d’or découvert à
Uchacq est le rare vestige.
Plus tard, Pline
l’Ancien (23-79), dans son
encyclopédie Histoire naturelle (livre IV) mentionne les Tarbelles parmi les
peuples de l’Aquitaine, en leur accolant le qualificatif de « Quatuor
Signani »
Ce même qualificatif
se retrouve sur une inscription funéraire de la fin du Ier siècle découverte au
XIXe siècle aux environs de Sagunto en Espagne, et depuis perdue, qui comportait
une épitaphe au nom d’un citoyen romain, L. VALERIVS MVNTANVS TARBELLVS IIII
S[ig] NANVS, ainsi qualifié d’origine Tarbelle.
Ce surnom signifiant « quatre étendards, ou enseignes » suggère aux historiens que les Tarbelles furent constitués, après la conquête romaine, en une confédération de quatre tribus dispersées entre les Pyrénées et la Leyre, par le rattachement de trois communautés à celle des Aquenses établis autour de Dax.
Le poète
latin Lucain (39-65), dans son épopée dite la Pharsale (Livre I), évoque
l’Adour, rivière du pays des Tarbelles : « ripas Aturi, quo
littore curvo molliter admissum claudit Tarbellicae aequor »
Mais, en
fait, on ne connait pas grand-chose de plus, même pratiquement rien, de leur
histoire avant la conquête romaine et leur intégration à la province de la Gaule
aquitaine
Aussi,
depuis le XIXe siècle et jusqu’aujourd’hui, les spécialistes de la chose
antique se disputent les interprétations divergentes des textes anciens. Et, malheureusement,
faute de vestiges avérés, les données archéologiques ne confortent pratiquement
aucune des théories avancées.
Certains auteurs en ont fait un peuple d'origine ibère, tandis que d'autres en ont fait un peuple celtique, ou, à tout le moins celtibère. Il semble pourtant qu'il soit plus simplement un peuple d'authentiques racines aquitaines, issu du second âge du fer, et bien distinct des gaulois.
Des multiples études savantes et des controverses il
résulte que leur territoire s’étendait entre les Pyrénées, la côte Atlantique,
et les vallées de l’Adour et des Gaves, comprenant ainsi La Basse-Navarre, la
Soule, Le Labourd, et le sud des Landes (Maremne, pays de Gosse, pays d’Orthe,
et Chalosse). Leurs voisins étaient les Aturenses à l’est autour d’Aire, les
Cocosates au nord (Marensin, Brassenx) … et les Vascons au sud.
Anciennement établis, ces Tarbelles étaient au Ier
siècle avant JC considérés par les romains comme le peuple le plus puissant de
la région. Ils dominaient leurs voisins Cocosates des Landes centrales (que
Pline qualifie de sexignani, regroupant six enseignes ou tribus, donc plus que
les Trbelles), les Aturenses de l'Adour moyen, les éventuels Tarusates de la
vallée de la Midouze, les Sibusates de l'Adour inférieur, les Iluronenses du
gave d'Oloron, et les Beneharni du gave de Pau.
Leur territoire aurait été cependant démembré, sous le Haut Empire, des deux derniers, pour ne conserver que la partie allant de Dax à Bayonne
Leur capitale était située au lieu de la future cité de Dax qui commandait le franchissement de l'Adour sur la route vers l'Espagne. la tradition y place à l'origine une cité palustre sur pilotis dans les marais au pied du Pouy d'Eauzeet autour de la source d'eau chaude. Le site était alors entouré d'une ceinture de coteaux où l'on retrouve plus tard une série de camps fortifiés tels les castras d'Arles à Narrosse, Candresse, Bignès ou la Roque à Tercis, Bire-Castet à Hinx
Ce peuple était également dispersé autour des nombreux casteras de la région, tels ceux de Morlanne à Saint-Sever, Nerbis, Gamarde, Montsoué, ou l'enceinte du Mus à Doazir, attribués aux IIèmes et Ier siècles avant JC.
Au cours du IIIème siècle, la petite ville romaine des Tarbelles, honorée de la qualification d'Auguste - Aquae Augusta- devint la métropole de la cité portant son nom -Civitas Aquensium - cité des habitants d'Aquae.
Plus de trois siècles après la conquête, les
Aquitains primitifs et ibériques du sud éprouvèrent la nécessité de faire
reconnaître leur identité commune, leur appartenance à une même communauté
ethnique, géographique, linguistique, et culturelle. Une stèle de marbre
découverte à Hasparren, et visible sur le mur sud de l’église, gravée d’une
inscription latine du début du IVe siècle, le confirme. Elle stipule qu’ils
avaient obtenu de l’empereur romain de conserver leur autonomie et d’être
séparés des Gaulois celtes (comme ceux du Bordelais) lors de la création, par
l’administration romaine du Bas Empire, au début du IIIe siècle, de la nouvelle
province de Novempopulanie, le pays des neuf peuples, avec Eauze pour capitale,
à laquelle la cité d’Aquae Augusta fut intégrée.
Finalement, les Tarbelles, plus ou moins romanisés, disparurent
avec les invasions barbares et la chute de l’Empire, l’installation des
Wisigoths puis des Francs. Les voisins Vascons de Navarre ou d’Aragon ayant
alors pris une place prépondérante au nord des Pyrénées, la tutelle franque
créa au début du VIIe siècle une Vasconie citérieure, puis un duché de Vasconie
qui se substituèrent à la Novempopulanie.
L’auteur et poète de langue latine Ausone (310-395) était le petit-fils d'Aemilia Corinthia Maura, d'origine tarbelle, peut-être née à Dax, ayant épousé un Arborius, Eduen (Autun), gaulois celtique, exilé et réfugié ici lors de la période anarchique des empereurs des Gaules Victorinus et Tetricus (260-274). Cette grand-mère était nommée Maura en raison de son teint brun, une première Dacquoise à l’œil noir !