Maisons capcazalières et capcazaux
De ces belles demeures de maître qui essaimaient le paysage du sud du département, particulièrement en Chalosse et pays d'Orthe, les plus anciennes ont disparu ou ont été remaniées, mais il en reste quelques exemples originaux, caractéristiques d'une architecture particulière.
Leur construction remonte aux XVIIe et XVIIIe siècles, avec l'émergence au sein de la société rurale d'une classe de possédants assez aisés pour créer cet habitat d'un type nouveau . Mais il semble que leur origine remonte à des temps très anciens. Certains spécialistes y ont même vu une survivance de l'occupation romaine, puis de l'organisation rurale féodale en Gascogne.
La maison Peyne à Laurède
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La
dénomination de capcazalière attribué à ces maisons » vient du mot capcazal,
lequel est constitué de cap, venant du latin caput - tête-, et signifiant le premier ou le chef, et de casa
ou caza, qui désigne l'habitation. De cette étymologie on a conclu à
l’ancienneté et l’importance de la maison capcazalière et de son
occupant.
intérieur de la maison Peyne
Mais par ailleurs, le gascon cazau (qui se prononce cazaou)
signifie jardin. Ce qui peut laisser supposer que le casau, puis casal, a dû
être plutôt, a l'origine, tout un domaine rural, et que la capcazal est à la
fois le domaine et la maison du maître. Ce concept économique et
juridique est particulier à la Chalosse. Les capcazaliers étaient, en effet,
des propriétaires roturiers, possédant des terres libres ne relevant
d'aucun seigneur. Leurs terres étaient dites de « francs alleux », par
opposition aux fiefs, et dans l’ancien temps on disait « qu'elles ne relevaient
que du soleil »
Montfort |
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la maison Lausseignac à Gamarde
Montfort
Préchacq
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La maison capcazalière reste construite sur le même modèle que la ferme chalossaise. Elle ne s'en distingue de fait que par ses détails architecturaux et ornementaux .
maison Lorreyte à Montfort
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Construite
en pierre et de composition symétrique, son architecture extérieure se
caractérise par les fenêtres à croisées de meneaux accolées à la porte
d'entrée, et par l'encadrement et fronton
de pierre de cette entrée. En général, deux pilastres supportent alors un
entablement décoré qui utilise le répertoire ornemental de la Renaissance,
avec rinceaux feuillagés, glyphes, masques, balustres, etc.
Hormis
le fronton monumental et la façade, signes de distinction sociale, la
maison capcazalière se caractérise également, à l'extérieur par son trottoir en
galets, et à l'intérieur par son carrelage, ses
hautes cheminées de pierre sculptée, ses escaliers à balustres et ses boiseries
en chêne.
Contrairement aux maisons communes, granges, chais, étables
et écuries sont séparées de la maison principale, et perpendiculaires à la
façade.
Montfort
maison Bastiat à Nousse
Porte monumentale de la maison Luppé à Saint-Pandelon à Pouillon |
mais aussi hors de la Chalosse, comme ici à Villenave
Pour attester de la franchise et
du statut dont ils jouissaient avec leurs terres, les capcazaliers avaient,
outre le privilège de colombier, celui de planter sur leur domaine le pin
parasol qui prit le nom de « pin franc », c’est-à-dire
" libre ", qui devint la marque d’une terre franche, non soumise
comme le sont les métairies ou les fermes dans le système ancien.
maison Peyrous à Doazit
Montfort
Dans
cette région qui observait la coutume de voisinage, le casal est le domaine
rural rural d'une famille, et les occupants de ces maisons, que la tradition
orale désignait comme les plus anciennes, portaient le titre de capcazaux.
Selon les historiens le capcasau, ou capcasalier, serait le premier occupant
d'une terre à qui le féodal, aurait par la suite confirmé le fief. Cet ancien
possesseur affranchi serait alors devenu "fivatier" et homme libre,
possédant son fief en toute propriété, contre cens et hommage. Les propriétaires
des lieux jouissaient de certains privilèges particuliers tels que
l'affranchissement du système féodal en vigueur, des droits reconnus par la
communauté villageoise depuis le Moyen-âge, et d'un droit de propriété sur les
bois communaux. Les terres étaient libres et ne relevaient d'aucun seigneur
Chacune
des maisons capcazalères, construites sur des domaines très anciens, transmis
selon une règle d’héritage faisant priorité à la primogéniture, disposaient
également d’un droit d’église, droit d’être inhumé à l'intérieur du le
sanctuaire...et droit d'agenouilloir.
maison Carcher à Montfort
Elles sont à distinguer des
CAVERIES
CAVERIES
Le
nom de cavier, auquel la coutume de Dax fait souvent mention sans pour
autant en donner la définition, vient, comme chevalier, du bas latin
cabellarius. Le seigneur cavier est une sorte de vassal sujet à un service a cheval. Il vient du latin "caver" qui veut dire "garder".La caverie est donc la terre tenue directement du seigneur, et dont le maitre est un vassal qui doit servir avec ses chevaux le seigneur dont il relève. Ce seigneur cavier est d'un échelon supérieur au capcazal dans la petite noblesse locale puisqu'il doit être chevalier.
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caverie de Labarthe à Mugron
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Rostaing à Estibeaux
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caverie de Lassalle à Siest
communs de la caverie de Siest
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ancienne caverie de Bret à Candresse
ancienne caverie de Moré à Morcenx
aujourd'hui
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bourg de Laurède
ancienne caverie de Bret à Candresse
ancienne caverie de Moré à Morcenx
aujourd'hui
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Les capcazalières les plus connues sont la maison Peyne à Laurède, la maison Pachiou à Mimbaste, les maisons Luppé et Hountanglaise à Saint-Pandelon, la maison Brouchoua à Tercis, la maison Beyrie à Estibeaux, la maison Lalanne à St-Etienne-d'Orthe, puis d'autres à Pouillon, Pontonx, Gamarde, Montfort, Préchacq
On peut (ou pouvait) visiter l'intérieur de la maison Peyne, ou séjourner dans certaines d'autres devenues de luxueuses maisons d'hôtes.( quelques photos d'intérieurs figurent dans un article du n°82 de la revue Le Festin, en 2012 ). Elles ont également été évoquées dans la Revue des Vieilles maisons françaises
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bourg de Laurède