Ce sont donc des villes neuves( Bastida seu, villa nova), construites sur un plan relativement uniforme ( plan orthonormé, en arête de poisson, quadrillage, ilots, angles droits, place centrale, parcelles en lanière ...), après un contrat d association (paréage) entre les propriétaires du terrain et les représentants de l'autorité souveraine, et donnent lieu à l'octroi de chartes et à l'attribution de privilèges et de coutumes.
La défense était assurée par une enceinte concentrique composée de levées de terres et palissades, et, dans le meilleur des cas, par des murailles de pierre avec portes (Hastingues, Hontanx), tours, fossés et chemin de ronde.
Mention particulière pour les places du marché entourées des maisons à couverts ou "cornières'.
plan simplifié des abords de la place royale
Labastide d'Armagnac
Saint-Justin
Assiégée par les Anglais en 1359, pillée par les protestants en 1569, durement éprouvée durant la Fronde, elle fut déclarée détruite en 1654.
Geaune
Prise par les Français et les Béarnais en 1337, elle subira les vicissitudes de la guerre de 100 ans.
Geaune a perdu ses remparts, mais elle conserve sa place à arcades, l’église du XVème siècle et la Tour des Augustins.
Geaune
Aspect de Geaune, d'après le cadastre du XIXe siècle
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GRENADE SUR ADOUR
Grenade
CAZERES SUR ADOUR
Cazères
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HASTINGUES
Hastingues
Monfort
Fondée en 1320 (?)
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BONNEGARDE
BASTIDE FRANCAISE
Bonnegarde
Certaines ne furent cependant pas crées ex-nihilo mais établies sur le site d'anciens bourgs abbatiaux (Sorde, Pimbo .. ) ou de "castelnaux" préexistants (Arouille, Hontanx,Miramont-Sensacq ....)
On a pu recenser de 35 à 40 fondations de ces bastides. Mais la plupart , non abouties, n'ont laissé que peu ou pas de traces aujourd'hui, (Montégut, Rondebeuf, Souprosse, Baigts, Bonnegarde, Coudures, Labastide-Chalosse, Nerbis, Cazordite, Castetcrabe, etc ...)
Gaston VII vicomte de Béarn. Paréage entre le Prince Edouard et l'abbé de Pimbo
1270 -Villeneuve de Marsan - Fondée par le vicomte de Béarn
1274 - Miramont Sensacq
1289 - Arouille - au lieu-dit Bialé- (commune de St Justin) - par Arnaud-Guillaume de Mauvezin,vicomte de Juliac, en réaction à la fondation de la bastide de Saint Justin.
1289 - St Gein - Paréage avec les seigneurs de Castendet- après une interruption de construction commencée
en 1284 et interrompue en 1285 suite réclamation de Constance de Marsan.
Sous EDOUARD II Plantagenet, duc d'Aquitaine de 1307 à 1325
1314 - Souprosse
1315 - Rondeboeuf (commune de Castendet)
1318 - Sarron
1319 - Villenave
1320 - Betbezer d'Armagnac- avec le paréage du vicomte de Juliac, Guillaume de Mauvezin,
1320 - Montegut - par Guilhem de Montaigut senechal -(modeste)
1321 - Toulouzette- par Guilhem de Toulouse, sénéchal
1327- Labastide-Chalosse - anciennement Labastide de Pont la Reine - détruite durant les guerres de religion, elle n 'est plus décelable
1331 - Hontanx
1331 - Duhort Bachen -avec le paréage de l' abbé de Saint Jean de la Castelle.
... et une miniature à Poullon
Dans le but de renforcer la défense de son domaine gascon, Henri III
d'Angleterre envisagea de fortifier et peupler cet emplacement situé sur un
promontoire naturel aménagé dès 1254. Il encouragea la clôture du château par
une palissade de bois, et l'entretien des fossés, avant de tenter le peuplement
du site que son fils Edouard 1er inspecta en 1287. Mais leur dessein ne semble
pas avoir eu le succès espéré.
Aux débuts de l’année 1450 Gaston IV, comte de Foix reprit par ruse ce castrum, réparé et fortifié, aux bandes de gens de guerre réunies là par le tenace Augerot de Saint Pé, capitaine gascon du parti anglais. (*)
On y a bien trouvé des fossés et trous de poteaux et des rares vestiges des XIV et XVe mais il semble que son peuplement médiéval se soit plutôt développé autour de la terrasse qui aurait alors constitué une lice libre d'habitat. Il ne reste aujourd'hui que ce petit hameau qui a gardé son nom de "château" ou plutôt "Casteigt" de Pouillon, issu de l'ancien "castrum polionis", qui se trouve à moins d'un kilomètre à l'est du village. De forme quadrangulaire (125 m x 100 m), il domine de 40 m son pourtour, entouré de fossés de 6 m de large et 10 m de profondeur.
(*) Voir le récit détaillé dans la chronique de Guillaume Le Seur sur l'Histoire de Gaston, comte de Foix, publiée par Henri Courteault pour la Société de l'histoire de France -Paris 1893- pages 96 et ss
Aussi, après avoir pris les places fortes de
Hastingues et Peyrehorade, le comte de Foix accompagné de son frère de Lautrec,
de Bernard de Béarn, du vicomte d'Orthe, et plusieurs autres barons,
chevaliers, écuyers, 300 hommes d'armes, arbalétriers, gens de pied, et 7
grosses couleuvrines, entreprit une course vers le nord pour détruire ces
bandes récalcitrantes en Chalosse.
Parvenue sur place, cette troupe s'embusqua dans un
bois et envoya une douzaine d'hommes juste devant la porte de la place en
faisant mine de vouloir voler le bétail qui paissait en une petite prairie. Les
pâtres étant allés chercher de l'aide dans la place, une centaine d'habitants
sortirent donc pour chasser les voleurs, mais furent attirés vers le bois où ils
furent massacrés dans une embuscade menée par les hommes du comte de Foix et de
Lautrec. Pendant ce temps, Bernard de Béarn et une cinquantaine d'hommes
d'armes placés au plus haut du bois en profita pour gagner la basse-cour et le
pont levis" et y eut là de belles et grandes armes faites, car nos gens et
ceulx de la place combatoint main à main, et y estoit venu le cappitaine,
lequel, avecque ses gens, se deffendoint bien vaillament"
Le comte de Foix et Lautrec accoururent à la porte
renforcer l'assaut " et tellement chargèrent sur eux à pointes de lance et
grands coups de hache que ils reboutèrent les Angloys et leur firent guerpir et
habandonnet tout le pont. Et ainsy que les Angloys se cuidoint retraire en leur
place, nos gens leur furent si près à leurs éspaulles que ils entrerent pasle
mesle avecque eux, et par ce pont fut la place prinse de bel assault, et furent
illec presque tous mors et prins ceux de laditte place"
La place de Pouillon fut alors pillée (y compris or
argent et bijoux qui y avaient été mis en sureté) puis incendiée et détruite.
Pourtant le capitaine Augerot de Saint Pé réussit à s'enfuir discrètement par
les bois pour rejoindre Bayonne.
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J.-J. -C. Tauzin - Les bastides landaises et leur organisation municipale du XIIIe au XVIIIe s ( Revue des questions historiques Nouvelle Serie T XXV -1901 p 456 -517)
Serge Pacaud - Les Bastides du département des Landes - Éditions des régionalismes-2012.
J-M Lalanne -Notes sur la topographie des bastides landaises (Bulletin de la Société de Borda 1973; 2, p. 153-173 ; 3, p. 259-278)
Ch. Higounet - La Guerre de Gascogne et les bastides-frontières landaises (Bulletin Société de Borda , 1976 p. 413-417. )